Nous autres, civilisations, lançait Paul Valery au dĂ©but du XXe siĂšcle, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Le coup fut douloureux pour la pensĂ©e occidentale, dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, par l’annonce nietzschĂ©enne de la mort consommĂ©e de Dieu. Ainsi, ceux qui ne croyaient plus aux arriĂšre-mondes religieux Ă©ternels devaient s’habituer Ă 
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles, ValĂ©ry. Commentez. ‱ Cette phrase est tirĂ©e de La crise de l'esprit », un texte figurant dans les Essais quasi politiques » publiĂ©s dansVariĂ©tĂ© Tome I, page 988 des ƒuvres en PlĂ©iade. La crise de l'esprit » est constituĂ©e par deux lettres » originellement parues en anglais dans une revuelondonienne en 1919. La version française paraĂźtra la mĂȘme annĂ©e dans la Nouvelle Revue Française. La phrase citĂ©eest la premiĂšre phrase de la premiĂšre de ces deux lettres.‱ La crise de l'esprit » paraĂźt au lendemain de la PremiĂšre Guerre mondiale, guerre qui — outre le fait qu'elleoccasionna plus de huit millions de morts — provoqua une profonde crise de la conscience ValĂ©ry, cette guerre a montrĂ© que la civilisation europĂ©enne pourrait sombrer comme l'ont fait dans le passĂ©des civilisations parmi les plus brillantes Elam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu designification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l'abĂźme de l'histoire est assez grand pour tout lemonde. Nous sentons qu'une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu'une vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvresde Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sontdans les journaux. »Mais ValĂ©ry ne s'arrĂȘte pas Ă  cette constatation somme toute banale. Il s'arrĂȘte sur le fait que ce qui vient de sepasser nous conduit Ă  remettre en cause un certain nombre de valeurs Les grandes vertus du peuple allemand ont engendrĂ© plus de maux que l'oisivetĂ© n'a créé de vices. Nous avons vu,de nos yeux vu, le travail consciencieux, l'instruction la plus solide, la discipline et l'application les plus sĂ©rieusesadaptĂ©s Ă  d'Ă©pouvantables desseins. Tant d'horreurs n'auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu,sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d'hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peude temps; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects?»Un nouvel ordre est Ă  instaurer; tĂąche difficile car deux dangers ne cessent de menacer le monde l'ordre et ledĂ©sordre.»La seconde lettre et la longue note ajoutĂ©e Ă  La crise de l'esprit » s'interrogent sur le devenir de l'Europe Or, l'heure actuelle comporte cette question capitale l'Europe va-t-elle garder sa prééminence dans tous lesgenres ? L'Europe deviendra-t-elle ce qu'elle est en rĂ©alitĂ©, c'est-Ă -dire un petit cap du continent asiatique? Oubien l'Europe restera-t-elle ce qu'elle paraĂźt, c'est-Ă -dire la partie la plus prĂ©cieuse de l'univers terrestre, la perle dela sphĂšre, le cerveau d'un vaste corps?» L'histoire, d'une certaine façon, a dĂ©jĂ  partiellement rĂ©pondu Ă  cette question.. »
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul ValĂ©ry. Contexte historique : 1919. Paul VALÉRY (1871-1945), La Crise de l’esprit (1919). PremiĂšre Guerre mondiale, Ă©pilogue. Mot cĂ©lĂšbre et prophĂ©tique d’un intellectuel trĂšs Ă©coutĂ©, sinon toujours bien compris. Pessimiste, sa vision de l
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Paul ValĂ©ry, La Crise de l’esprit, 1919 - AgrĂ©gĂ© de Lettres modernes - Docteur Ăšs Lettres et Sciences Humaines Prix de ThĂšse de la Chancellerie des UniversitĂ©s de Paris - DiplĂŽmĂ© d’Etudes approfondies en LittĂ©rature française - DiplĂŽmĂ© d’Etudes approfondies en Sociologie - MaĂźtre de Sciences Politiques Voir tous les articles par brunorigolt
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. - Une citation de Paul Valéry.

Nous autres, civi­li­sa­tions, nous savons main­te­nant que nous sommes mor­telles. Nous avions enten­du par­ler de mondes dis­pa­rus tout entiers, d’empires cou­lĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; des­cen­dus au fond inex­plo­rable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs aca­dé­mies et leurs sciences pures et appli­quĂ©es, avec leurs gram­maires, leurs dic­tion­naires, leurs clas­siques, leurs roman­tiques et leurs sym­bo­listes, leurs cri­tiques et les cri­tiques de leurs cri­tiques. Nous savions bien que toute la terre appa­rente est faite de cendres, que la cendre signi­fie quelque chose. Nous aper­ce­vions Ă  tra­vers l’épaisseur de l’histoire, les fan­tĂŽmes d’immenses navires qui furent char­gĂ©s de richesse et d’esprit. »Paul Valé­ry La crise de l’esprit, Ă©di­tions NRF, 1919

Disertation vagues rĂ©volutionnaires (1917-1922) L’étude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e dans la sĂ©ance consacrĂ©e au bilan de la guerre (Des sociĂ©tĂ©s bouleversĂ©es par la guerre). 2/ la problĂ©matique retenue et le plan de la sĂ©ance : « Nous autres, civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Paul ValĂ©ry Ă©voque une
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 MORTEL, -ELLE, adj. et − Adj. et − Adj. Qui est sujet Ă  la [En parlant d'un ĂȘtre vivant gĂ©n. un homme] Il y avoit lĂ  devant nous une crĂ©ature mortelle, convaincue de notre immortalitĂ© StaĂ«l,Allemagne, 1810, connais, monsieur, toute l'Ă©tendue de la perte que vous avez faite; mais, enfin, nous sommes tous mortels Jouy,Hermite, 1814, L'homme vint le dernier des animaux, parent de tous, et proche de quelques-uns. Les termes dont on le dĂ©signe encore aujourd'hui marquent son origine on l'appelle humain et mortel. A. France,Vie fleur, 1922, [P. mĂ©ton.]− [En parlant du corps de l'homme] Cette fiĂšvre qui ... gonflait Ă  la briser chaque veine, et dissĂ©quait chaque point de ce corps mortel en des millions de souffrances Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, ces griffes lĂ©gĂšres que la moindre douleur imprime sur un visage mortel Mauriac,Journal 1, 1934, [P. oppos. Ă  la partie immatĂ©rielle de l'homme l'Ăąme, l'esprit]RELIG. Corps mortel, chair mortelle. Et, maudissant Don Juan, lui jeta bas Son corps mortel, mais son Ăąme, non pas! Verlaine, ƒuvres compl., Jadis, 1884, DĂ©pouille mortelle, restes mortels. Cadavre. PrĂȘt Ă  dĂ©poser sa dĂ©pouille mortelle dans la terre Ă©trangĂšre Chateaubr.,MĂ©m., 1848, char emportant au PĂšre-Lachaise les restes mortels de Charles Hugo Verlaine, ƒuvres compl., Vingt-sept biogr. E. de Goncourt, 1896, sa dĂ©pouille, son enveloppe mortelle. Mourir. Quand l'Ăąme aura quittĂ© son enveloppe mortelle Maine de Biran,Journal, 1815, [P. oppos. Ă  des ĂȘtres immatĂ©riels dieux, anges] Si les anges daignoient revĂȘtir une forme mortelle pour apparoĂźtre aux hommes, ce seroit sous les traits de Maria Genlis,Chev. Cygne, 1795, est vrai qu'un vers d'HomĂšre ait subitement douĂ© Phidias du sentiment de la majestĂ© des dieux, lui ait appris Ă  la reprĂ©senter vivante Ă  des regards mortels Dusaulx,Voy. BarĂšge, 1796, race mortelle. La race humaine. Je veux ĂȘtre par toi prĂ©sent et favorable Ă  la race mortelle ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, [En parlant de la condition de l'Homme] Existence, vie mortelle. Qu'il Ă©toit Ă©tonnant d'oser trouver des conformitĂ©s entre nos jours mortels et les Ă©ternels destins du maĂźtre du monde! Chateaubr.,GĂ©nie, jeudi. Ascension − Quelle belle fin de la vie mortelle de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ! Dupanloup,Journal, 1851, Par lĂ , la phrase de Vinteuil avait, comme tel thĂšme de Tristan par exemple, qui nous reprĂ©sente aussi une certaine acquisition sentimentale, Ă©pousĂ© notre condition mortelle, pris quelque chose d'humain qui Ă©tait assez touchant. Proust,Swann, 1913, Au fig. [En parlant d'un inanimĂ©] Qui peut pĂ©rir, disparaĂźtre. Il y avait tout l'amour dans leurs sourires mais ce n'Ă©tait qu'un pauvre amour mortel Beauvoir,Tous les hommes mort., 1946, Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins descendus au fond inexplorable des siĂšcles... ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, − Subst. Être LittĂ©r. Ranime-toi, foible mortel, Ă  ce spectacle actif de la nature Saint-Martin,Homme dĂ©sir, 1790, Quelle est cette Ă©toile qui file, Qui file, file, et disparaĂźt? − Mon enfant, un mortel expire; Son Ă©toile tombe Ă  l'instant. BĂ©ranger,Chans., 1829, Audacieux, aveugle, chĂ©tif, faible, grossier, humble, insensible, fortunĂ©, malheureux, misĂ©rable, pauvre, perfide, vil [En constr. dans des loc. figĂ©es]♩ Une simple mortelle. Une personne comme les autres. AprĂšs tout, Marie n'avait-elle pas Ă©tĂ© une simple mortelle, une faible femme qui avait connu toutes les misĂšres de la vie Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, Un heureux mortel. Une personne qui a de la chance. Je vous fĂ©licite, mon cher, vous ĂȘtes un heureux mortel Taine,Notes Paris, 1867, Les mortels. L'ensemble des humains, l'humanitĂ©. La lumiĂšre du jour si chĂšre aux mortels Chateaubr.,Martyrs, 1810, Le commun des mortels. Le plus grand nombre des hommes. M. Godeau ne pouvait plus respirer l'air du commun des mortels qui lui Ă©tait dĂ©parti Jouhandeau,M. Godeau, 1926, − AdjectifA. − Qui cause la mort. J'ai eu la bĂȘtise de consulter un mĂ©decin ... et bien entendu il m'a trouvĂ© trois ou quatre maladies mortelles MĂ©rimĂ©e,Lettres ctessede Montijo, 1841, Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n'ai, sur ma tendre corbeille, JetĂ© qu'un songe de dentelle. ValĂ©ry,Charmes, 1922, Être mortel Ă , pour qqn, qqc. L'heure oĂč l'ombre est mortelle Au voyageur suant qui s'arrĂȘte sous elle Barbier,Ïambes, 1840, Accident, breuvage, choc, combat, coup, danger, mal, pĂ©ril mortel; balle, blessure, dose, Ă©manation, maladie, menace, morsure, plaie mortelle.♩ Proverbe. Plaie d'argent n'est pas mortelle. Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on; mais ces plaies-lĂ  ne peuvent pas avoir d'autre mĂ©decin que le malade Balzac,Illus. perdues, 1843, RELIG. CATHOL. PĂ©chĂ© mortel. PĂ©chĂ© qui enlĂšve Ă  l'Ăąme la grĂące de la vie Ă©ternelle. Ils communient tous les dimanches! Je vous garantis qu'ils n'accepteraient pas de vivre en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel Beauvoir,MĂ©m. j. fille, 1958, − P. hyperb. [CaractĂ©risant un subst. avec une valeur intensive]1. Qui est pĂ©nible, dĂ©sagrĂ©able ou ennuyeux Ă  mourir.− [Le subst. dĂ©signe des circonstances, un Ă©vĂ©nement auquel une pers. est confrontĂ©e] Il y a de cette ville Ă  cette autre dix mortelles lieues heures, deux heures mortelles pour le pauvre amoureux se passĂšrent ainsi, sans que M. MĂŒller vĂźnt Ă  bout de trouver l'Ă©tymologie de ranunculus Karr,Sous tilleuls, 1832, n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle Ă©tablit dans les wagons des courants d'air mortels Mauriac,GĂ©nitrix, 1923, [Le subst. dĂ©signe le sentiment Ă©prouvĂ© face Ă  un Ă©vĂ©nement pĂ©nible ou ennuyeux] Puisque nous voici ensemble, ma chĂšre, dit-il en s'asseyant sur le sofa, au mortel dĂ©plaisir de Valentine, je suis rĂ©solu de vous entretenir d'une affaire assez importante Sand,Valentine, 1832, DaĂŻdha!!!» s'Ă©cria la foule... C'Ă©tait elle. Qui, sous l'horrible poids d'une angoisse mortelle, Au vague bruit d'enfants, par son coeur entendu, Était sortie au jour Ă  ses pas dĂ©fendu... Lamart.,Chute, 1838, DĂ©goĂ»t, ennui mortel; inquiĂ©tude, tristesse [En parlant d'un sentiment hostile] Qui est si aigu qu'il pourrait ĂȘtre homicide. Antipathie mortelle; ressentiment mortel. En butte Ă  la haine mortelle de ces hommes dont il dĂ©nonçait les crimes Clemenceau,Vers rĂ©paration, 1899, Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion Stendhal,Souv. Ă©gotisme, 1832, Qui Ă©voque la mort, qui a les caractĂ©ristiques propres Ă  la mort. À ces mots, une pĂąleur mortelle couvrit le visage de Corinne StaĂ«l,Corinne, 1807, n'entendais aucun bruit. Ce silence mortel finit par m'effrayer si bien que je me levai sur la pointe des pieds nus et marchai vers la clartĂ© Duhamel,Notaire Havre, 1933, et Orth. [mɔ ʀtΔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Sens passif sujet Ă  la mort» 1. fin xes. om mortal Passion, Ă©d. D'Arco Silvio Avalle, 339; ca 1160 subst. plusor mortal Eneas, 2285 ds 2. ca 1050 la mortel vithe St Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 63; 3. 1269-78 richeces mortex Jean de Meun, Rose, Ă©d. F. Lecoy, 5227. B. Sens actif 1. ca 1100 qui souhaite la mort, qui porte la mort» sun mortel enemi Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 461; ca 1120-50 mortel serpent [Satan] Grant mal fist Adam, I, 2 ds 1155 mortel tirant Wace, Brut, 6131, ibid.; 2. ca 1100 une mortel bataille Roland, 658; id. mortel rage ibid., 747; 1155 mortel hĂ€ine Wace, op. cit., 14410, ibid. 1erquart xiiies. relig. chrĂ©t. pekiĂ© mortal Renclus de Molliens, Miserere, 71, 1, ibid.; 3. 1572 mortel poison Amyot, Hommes illustres, PompĂ©e, 50, Ă©d. GĂ©rard-Walter, ds ƒuvres. C. de mort, concernant la mort» 1130-40 cri mortel Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, Ă©d. A. Bell, 4421 Li reis criad un cri mortel, L'aneme s'en vait ...; 1174-87 lit mortel ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 4816. Empr. au lat. mortalis sujet Ă  la mort, pĂ©rissable; humain, mortel; des mortels» − subst. ĂȘtre humain» − ; mortel, qui donne la mort», spĂ©c. mortale crimen, mortalia delicta pĂ©chĂ© mortel» dans la lang. chrĂ©t. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 3398. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 7739, b 4143; xxes. a 3901, b 3280. Bbg. Henning Mortel, ange et dĂ©mon. Mod. Lang. Notes. 1938,
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 11 Nov - 11:38 par Morgan Kane: De Paul Valery, aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs Chaque citation exprime les opinions de son auteur et ne saurait engager Dicocitations. citations juillet 30, 2010 FrĂ©dĂ©rick JĂ©zĂ©gou Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul ValĂ©ryLe Dico des citations← Le communisme, c’est les Soviets plus l’ → Une pensĂ©e sur “Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.” Esthermai 5, 2012 Ă  1005Permalink Agissons-nous en consĂ©quence? Commentaires fermĂ©s.

StephanA. Brunel Administrateur civil, Ă©crivain L’ùre des grandes migrations et les criminels qui ont ouvert nos frontiĂšresL’oligarchie des ectoplasmes et des crĂ©tins : la fin de la culture gĂ©nĂ©raleIls prendront nos Ă©glises car nous ne savons pas les dĂ©fendre « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Quand Paul ValĂ©ry Ă©crit

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\n\n \n \nnous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles
Exemplede dĂ©finition des termes du sujet : « Pensez vous que cette phrase de Paul ValĂ©ry, Ă©noncĂ©e en 1919 : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » s’applique aujourd’hui Ă  l’Europe ? » (culture gĂ©nĂ©rale ENA 2013) Voici comment je sĂ©lectionnerais stratĂ©giquement les termes Ă  dĂ©finir :

par Paul ValĂ©ry 1871-1945, La Crise de l’esprit 1919 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es ; avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie
 ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. ⁂ Ce n’est pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il n’a pas suffi Ă  notre gĂ©nĂ©ration d’apprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ? ⁂ Ainsi la PersĂ©polis spirituelle n’est pas moins ravagĂ©e que la Suse matĂ©rielle. Tout ne s’est pas perdu, mais tout s’est senti pĂ©rir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience — une conscience acquise par des siĂšcles de malheurs supportables, par des milliers d’hommes du premier ordre, par des chances gĂ©ographiques, ethniques, historiques innombrables. Alors, — comme pour une dĂ©fense dĂ©sespĂ©rĂ©e de son ĂȘtre et de son avoir physiologiques, toute sa mĂ©moire lui est revenue confusĂ©ment. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont remontĂ©s pĂȘle-mĂȘle. Jamais on n’a tant lu, ni si passionnĂ©ment que pendant la guerre demandez aux libraires. Jamais on n’a tant priĂ©, ni si profondĂ©ment demandez aux prĂȘtres. On a Ă©voquĂ© tous les sauveurs, les fondateurs, les protecteurs, les martyrs, les hĂ©ros, les pĂšres des patries, les saintes hĂ©roĂŻnes, les poĂštes nationaux
 Et dans le mĂȘme dĂ©sordre mental, Ă  l’appel de la mĂȘme angoisse, l’Europe cultivĂ©e a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensĂ©es dogmes, philosophies, idĂ©aux hĂ©tĂ©rogĂšnes ; les trois cents maniĂšres d’expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes tout le spectre de la lumiĂšre intellectuelle a Ă©talĂ© ses couleurs incompatibles, Ă©clairant d’une Ă©trange lueur contradictoire l’agonie de l’ñme europĂ©enne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiĂ©vreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d’autrefois, les moyens de se dĂ©faire des fils de fer barbelĂ©s, de dĂ©jouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, l’ñme invoquait Ă  la fois toutes les puissances transcendantes, prononçait toutes les incantations qu’elle savait, considĂ©rait sĂ©rieusement les plus bizarres prophĂ©ties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antĂ©rieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont lĂ  les produits connus de l’anxiĂ©tĂ©, les entreprises dĂ©sordonnĂ©es du cerveau qui court du rĂ©el au cauchemar et retourne du cauchemar au rĂ©el, affolĂ© comme le rat tombĂ© dans la trappe
 La crise militaire est peut-ĂȘtre finie. La crise Ă©conomique est visible dans toute sa force ; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature mĂȘme, prend les apparences les plus trompeuses puisqu’elle se passe dans le royaume mĂȘme de la dissimulation, cette crise laisse difficilement saisir son vĂ©ritable point, sa phase. Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littĂ©rature, en philosophie, en esthĂ©tique. Nul ne sait encore quelles idĂ©es et quels modes d’expression seront inscrits sur la liste des pertes, quelles nouveautĂ©s seront proclamĂ©es. L’espoir, certes, demeure et chante Ă  demi-voix Et cum vorandi vicerit libidinem Late triumphet imperator spiritus Mais l’espoir n’est que la mĂ©fiance de l’ĂȘtre Ă  l’égard des prĂ©visions prĂ©cises de son esprit. Il suggĂšre que toute conclusion dĂ©favorable Ă  l’ĂȘtre doit ĂȘtre une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes Ă©crivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture europĂ©enne et la dĂ©monstration de l’impuissance de la connaissance Ă  sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme dĂ©shonorĂ©e par la cruautĂ© de ses applications ; il y a l’idĂ©alisme, difficilement vainqueur, profondĂ©ment meurtri, responsable de ses rĂȘves ; le rĂ©alisme déçu, battu, accablĂ© de crimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement Ă©galement bafouĂ©s ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant ; il y a les sceptiques eux-mĂȘmes dĂ©sarçonnĂ©s par des Ă©vĂ©nements si soudains, si violents, si Ă©mouvants, et qui jouent avec nos pensĂ©es comme le chat avec la souris, — les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur esprit. L’oscillation du navire a Ă©tĂ© si forte que les lampes les mieux suspendues se sont Ă  la fin renversĂ©es. ⁂ Ce qui donne Ă  la crise de l’esprit sa profondeur et sa gravitĂ©, c’est l’état dans lequel elle a trouvĂ© le patient. Je n’ai ni le temps ni la puissance de dĂ©finir l’état intellectuel de l’Europe en 1914. Et qui oserait tracer un tableau de cet Ă©tat ? Le sujet est immense ; il demande des connaissances de tous les ordres, une information infinie. Lorsqu’il s’agit, d’ailleurs, d’un ensemble aussi complexe, la difficultĂ© de reconstituer le passĂ©, mĂȘme le plus rĂ©cent, est toute comparable Ă  la difficultĂ© de construire l’avenir, mĂȘme le plus proche ; ou plutĂŽt, c’est la mĂȘme difficultĂ©. Le prophĂšte est dans le mĂȘme sac que l’historien. Laissons-les-y. Mais je n’ai besoin maintenant que du souvenir vague et gĂ©nĂ©ral de ce qui se pensait Ă  la veille de la guerre, des recherches qui se poursuivaient, des Ɠuvres qui se publiaient. Si donc je fais abstraction de tout dĂ©tail, et si je me borne Ă  l’impression rapide, et Ă  ce total naturel que donne une perception instantanĂ©e, je ne vois — rien ! — Rien, quoique ce fĂ»t un rien infiniment riche. Les physiciens nous enseignent que dans un four portĂ© Ă  l’incandescence, si notre Ɠil pouvait subsister, il ne verrait — rien. Aucune inĂ©galitĂ© lumineuse ne demeure et ne distingue les points de l’espace. Cette formidable Ă©nergie enfermĂ©e aboutit Ă  l’invisibilitĂ©, Ă  l’égalitĂ© insensible. Or, une Ă©galitĂ© de cette espĂšce n’est autre chose que le dĂ©sordre Ă  l’état parfait. Et de quoi Ă©tait fait ce dĂ©sordre de notre Europe mentale ? — De la libre coexistence dans tous les esprits cultivĂ©s des idĂ©es les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposĂ©s. C’est lĂ  ce qui caractĂ©rise une Ă©poque moderne. Je ne dĂ©teste pas de gĂ©nĂ©raliser la notion de moderne, et de donner ce nom Ă  certain mode d’existence, au lieu d’en faire un pur synonyme de contemporain. Il y a dans l’histoire des moments et des lieux oĂč nous pourrions nous introduire, nous modernes, sans troubler excessivement l’harmonie de ces temps-lĂ , et sans y paraĂźtre des objets infiniment curieux, infiniment visibles, des ĂȘtres choquants, dissonants, inassimilables. OĂč notre entrĂ©e ferait le moins de sensation, lĂ  nous sommes presque chez nous. Il est clair que la Rome de Trajan, et que l’Alexandrie des PtolĂ©mĂ©es nous absorberaient plus facilement que bien des localitĂ©s moins reculĂ©es dans le temps, mais plus spĂ©cialisĂ©es dans un seul type de mƓurs et entiĂšrement consacrĂ©es Ă  une seule race, Ă  une seule culture et Ă  un seul systĂšme de vie. Eh bien! l’Europe de 1914 Ă©tait peut-ĂȘtre arrivĂ©e Ă  la limite de ce modernisme. Chaque cerveau d’un certain rang Ă©tait un carrefour pour toutes les races de l’opinion ; tout penseur, une exposition universelle de pensĂ©es. Il y avait des Ɠuvres de l’esprit dont la richesse en contrastes et en impulsions contradictoires faisait penser aux effets d’éclairage insensĂ© des capitales de ce temps-lĂ  les yeux brĂ»lent et s’ennuient
 Combien de matĂ©riaux, combien de travaux, de calculs, de siĂšcles spoliĂ©s, combien de vies hĂ©tĂ©rogĂšnes additionnĂ©es a-t-il fallu pour que ce carnaval fĂ»t possible et fĂ»t intronisĂ© comme forme de la suprĂȘme sagesse et triomphe de l’humanitĂ© ? ⁂ Dans tel livre de cette Ă©poque — et non des plus mĂ©diocres — on trouve, sans aucun effort — une influence des ballets russes, — un peu du style sombre de Pascal, — beaucoup d’impressions du type Goncourt, quelque chose de Nietzsche, — quelque chose de Rimbaud, — certains effets dus Ă  la frĂ©quentation des peintres, et parfois le ton des publications scientifiques, — le tout parfumĂ© d’un je ne sais quoi de britannique difficile Ă  doser !
 Observons, en passant, que dans chacun des composants de cette mixture, on trouverait bien d’autres corps. Inutile de les rechercher ce serait rĂ©pĂ©ter ce que je viens de dire sur le modernisme, et faire toute l’histoire mentale de l’Europe. ⁂ Maintenant, sur une immense terrasse d’Elsinore, qui va de BĂąle Ă  Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d’Alsace, — l’Hamlet europĂ©en regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il mĂ©dite sur la vie et la mort des vĂ©ritĂ©s. Il a pour fantĂŽmes tous les objets de nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire ; il est accablĂ© sous le poids des dĂ©couvertes, des connaissances, incapable de se reprendre Ă  cette activitĂ© illimitĂ©e. Il songe Ă  l’ennui de recommencer le passĂ©, Ă  la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abĂźmes, car deux dangers ne cessent de menacer le monde l’ordre et le dĂ©sordre. S’il saisit un crĂąne, c’est un crĂąne illustre. — Whose was it ? — Celui-ci fut Lionardo. Il inventa l’homme volant, mais l’homme volant n’a pas prĂ©cisĂ©ment servi les intentions de l’inventeur nous savons que l’homme volant montĂ© sur son grand cygne il grande uccello sopra del dosso del suo magnio cecero a, de nos jours, d’autres emplois que d’aller prendre de la neige Ă  la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chaleur, sur le pavĂ© des villes
 Et cet autre crĂąne est celui de Leibniz qui rĂȘva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui genuit Marx, qui genuit
 Hamlet ne sait trop que faire de tous ces crĂąnes. Mais s’il les abandonne !
 Va-t-il cesser d’ĂȘtre lui-mĂȘme ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage de la guerre Ă  la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix Ă  la guerre ; tous les peuples en sont troublĂ©s. Et Moi, se dit-il, moi, l’intellect europĂ©en, que vais-je devenir ?
 Et qu’est-ce que la paix ? La paix est peut-ĂȘtre, l’état de choses dans lequel l’hostilitĂ© naturelle des hommes entre eux se manifeste par des crĂ©ations, au lieu de se traduire par des destructions comme fait la guerre. C’est le temps d’une concurrence crĂ©atrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatiguĂ© de produire ? N’ai-je pas Ă©puisĂ© le dĂ©sir des tentatives extrĂȘmes et n’ai-je pas abusĂ© des savants mĂ©langes ? Faut-il laisser de cĂŽtĂ© mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je suivre le mouvement et faire comme Polonius, qui dirige maintenant un grand journal ? comme Laertes qui est quelque part dans l’aviation ? comme Rosenkrantz, qui fait je ne sais quoi sous un nom russe ? Adieu, fantĂŽmes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde qui baptise du nom de progrĂšs sa tendance Ă  une prĂ©cision fatale, cherche Ă  unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion rĂšgne encore, mais encore un peu de temps et tout s’éclaircira ; nous verrons enfin apparaĂźtre le miracle d’une sociĂ©tĂ© animale, une parfaite et dĂ©finitive fourmiliĂšre. »

PaulValéry : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul Valéry La Crise de l' Esprit, premiÚre lettre (1919) Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633 1841-1929, Discours de Verdun, 14 juillet 1919 Discours de paix posthume, Georges Clemenceau. Le vieil homme est devenu le Perd la Victoire » piĂštre nĂ©gociateur au traitĂ© de Versailles signĂ© le 28 juin, il a laissĂ© l’Anglais Lloyd George et l’AmĂ©ricain Wilson l’emporter sur presque tous les points. Et il ne sera pas prĂ©sident de la RĂ©publique, l’AssemblĂ©e prĂ©fĂ©rant voter en 1920 pour un homme qui ne lui portera pas ombrage, paroles de Clemenceau sont prophĂ©tiques d’une autre rĂ©alitĂ© L’Allemagne, vaincue, humiliĂ©e, dĂ©sarmĂ©e, amputĂ©e, condamnĂ©e Ă  payer Ă  la France pendant une gĂ©nĂ©ration au moins le tribut des rĂ©parations, semblait avoir tout perdu. Elle gardait l’essentiel, la puissance politique, gĂ©nĂ©ratrice de toutes les autres » Pierre Gaxotte, Histoire des Français. À l’issue d’une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la dĂ©faite. »2617 LĂ©on BLUM 1872-1950, A l’échelle humaine 1945 Texte Ă©crit en 1941 par le leader socialiste, en internement administratif.Au lendemain de 1918, l’humiliation de 1871 est vengĂ©e, le pays est vainqueur, de nouveau entier, mais exsangue, dĂ©vastĂ©, divisĂ©, moralement bouleversĂ© aprĂšs l’épreuve. Cette guerre a coĂ»tĂ© trĂšs cher en hommes, en argent, et la France ne s’en remettra pas, avant la prochaine guerre. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »2618 Paul VALÉRY 1871-1945, La Crise de l’esprit 1919 L’angoisse de l’intellectuel dĂ©passe l’horizon d’un aprĂšs-guerre et d’un pays. ValĂ©ry, l’un des esprits les plus lucides de l’époque, dĂšs la paix revenue, lance ce cri d’alarme Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences [
] Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues [
] Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. » Il y eut quelque chose d’effrĂ©nĂ©, une fiĂšvre de dĂ©pense, de jouissance et d’entreprise, une intolĂ©rance de toute rĂšgle, un besoin de nouveautĂ© allant jusqu’à l’aberration, un besoin de libertĂ© allant jusqu’à la dĂ©pravation. »2631 LĂ©on BLUM 1872-1950, À l’échelle humaine 1945 Socialiste tĂ©moin de son temps, il Ă©voque le bouleversement moral qui suit la PremiĂšre Guerre mondiale. Le jazz entre en scĂšne. Le tango chavire les corps. Le charleston fait rage. Les dancings font fortune. Les artistes se doivent d’ĂȘtre anarchistes, dadaĂŻstes, bientĂŽt surrĂ©alistes. Les femmes ont l’air de garçons. C’est bien parce que c’est mal ; c’est mal parce que c’est bien. » Pour une minoritĂ© privilĂ©giĂ©e, c’est le dĂ©but des AnnĂ©es folles ». Foch commande Ă  toutes les armĂ©es de l’univers. »2632 Maurice BARRÈS 1862-1923, 14 juillet 1919 Histoire de la France les temps nouveaux, de 1852 Ă  nos jours 1971, Georges Duby Les chefs des armĂ©es alliĂ©es et les reprĂ©sentants des troupes combattantes dĂ©filent sur les Champs-ÉlysĂ©es, le jour de la fĂȘte nationale. Pour les nationalistes qui ont ardemment parlĂ© revanche, prĂȘchĂ© le patriotisme et prĂŽnĂ© l’Union sacrĂ©e, le jour de gloire est vraiment arrivĂ© pour la France dont le prestige international est immense. C’est plus vrai encore pour cet Ă©crivain et politicien, nĂ© lorrain quand la Lorraine Ă©tait encore française. L’Allemagne paiera. »2635 Axiome lancĂ© aprĂšs la Grande Guerre Histoire de l’Europe au XXe siĂšcle de 1918 Ă  1945 1995, Jean Guiffan, Jean Ruhlmann Le Bloc national a fondĂ© sa campagne sur ce slogan, pour les lĂ©gislatives du 16 novembre 1919. C’est aussi la rĂ©ponse de Clemenceau, chef du gouvernement, interpellĂ© sur les difficultĂ©s de la reconstruction. Klotz, son ministre des Finances, confirme L’Allemagne paiera. » Et jusqu’au dernier penny ! », renchĂ©rit Lloyd George, le Premier ministre anglais, poussĂ© par son opinion paiera, oui, mais mal. Le montant des rĂ©parations, fixĂ© Ă  85,8 milliards de francs pour la France se rĂ©duit Ă  5 milliards – Ă©talĂ©s dans le temps. Mais l’axiome va justifier les prodigalitĂ©s financiĂšres du Bloc national issu des Ă©lections. Comptant sur ces rĂ©parations, l’État multiplie les dĂ©penses publiques financĂ©es par l’emprunt au lieu de l’impĂŽt. D’oĂč l’inflation prix multipliĂ©s par 6,5 de 1914 Ă  1928 ! Clemenceau avait raison Il est plus facile de faire la guerre que la paix. » La PremiĂšre Guerre Mondiale en citations Prologue la Grande Guerre, C’est la plus monumentale Ăąnerie que le monde ait jamais faite. » EntrĂ©e en guerre La mobilisation n’est pas la guerre. » Verdun et PĂ©tain Courage ! On les aura ! » Clemenceau La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier Ă  des militaires. » Victoire L’Allemagne peut ĂȘtre battue
 » À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont Ă  vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu ! Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premiĂšres pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coĂ»t 4 € le volume. Lesessais de ValĂ©ry traduisent ses inquiĂ©tudes sur la pĂ©rennitĂ© de la civilisation (« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles »), l’avenir des « droits de l’esprit », le rĂŽle de la littĂ©rature dans la formation, et la rĂ©troaction du progrĂšs sur l’homme. Sa sĂ©rie « VariĂ©tĂ© » (I, II, III, IV, V) se compose d’un autre type d’écrits
18,00€ Anthologie illustration de couverture par HĂ©lĂšne Marchetto 276 pages ISBN 979-10-91437-24-0 Description Description Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans l’espace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e ou créée de toutes piĂšces, chaque civilisation s’affranchit de cette mortalitĂ©, tant pour les historiens que pour les artistes, car elle est le creuset dans lequel est fondu l’imaginaire. Et le propre de l’imaginaire n’est-il pas d’ĂȘtre riche et multiple ? Dix-neuf auteurs vous invitent ici Ă  parcourir les chemins de civilisations perdues ou Ă  venir Lalex Andrea, Jean-Pierre Andrevon, Alberto Arrecchi, Pascal Bayle, Ugo Bellagamba, CĂ©line Ceron Gomez, Dounia Charaf, LoĂŻc Daverat, Renaud Ehrengardt, Estelle Faye, Ïan Larue, Morgane Marchand, Johanna Marines, BĂ©rangĂšre Monraisse, Morency, TimothĂ©e Rey, Chantal Robillard, Mara Sedan et Ketty Steward. Puissiez-vous partager le plaisir de leur dĂ©couverte. Anthologie officielle du festival Nice Fictions 2018.
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