1Ouvrir les Noms divins dâun auteur du dĂ©but du vie siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ qui se cache sous le pseudonyme de Denys lâArĂ©opagite », le converti de saint Paul aprĂšs son discours sur lâArĂ©opage dans le livre des Actes des ApĂŽtres Ac 17, demeure une entreprise difficile pour un lecteur du xxie siĂšcle Ă cause de son style dĂ©routant, marquĂ© par les sources nĂ©oplatoniciennes de son vocabulaire et son langage mystĂ©rique ». 2Les premiĂšres pages de ce traitĂ©, oĂč lâauteur affirme son intention dâexpliquer les noms divins, ce que sont ces noms divins et comment ils doivent ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©s, conduisent Ă une rĂ©flexion sur lâhymnologie des noms divins et le silence devant lâIneffable ». Cette Ă©tude portera Ă la fois sur les Noms divins et sur la ThĂ©ologie mystique de Denys lâArĂ©opagite. 3Que signifie une hymnologie des noms divins » ? Quels sont ces noms divins ? Et quel est le statut du discours sur les noms divins et la limite du langage devant lâIneffable ? Telles sont les questions que je me poserai. 4Dans le premier chapitre des Noms divins, Denys se demande quel est le but des Noms divins et quelle est la tradition au sujet des noms divins ». Il se fixe comme but ÎșÎżÏáœč lâexplication des noms divins áŒÎœáœ±ÏÏ ÎŸÎč Μ áœÎœÎż-ΌᜱΜ, comme il le dit au dĂ©but DN 585 B et 597 B et Ă la fin du traitĂ© DN 984 A. 5Platon avait dĂ©jĂ posĂ© la question des noms divins dans le Cratyle et Proclus, le philosophe qui a le plus influencĂ© Denys, dans sa ThĂ©ologie platonicienne. 6Pour Socrate, nous ne savons rien des dieux, ni de leurs personnes, ni des noms quâils peuvent bien se donner Ă eux-mĂȘmes » et la maniĂšre la plus juste est de faire comme dans les priĂšres oĂč nous avons pour loi de les invoquer sous des noms » quelle que soit leur origine Cratyle 400d. Invoquer Dieu sous des noms » semble la maniĂšre la plus juste de le nommer. 7Quant Ă Proclus, il reprend, dans son traitĂ© des attributs divins » qui forme la deuxiĂšme partie du premier livre de la ThĂ©ologie platonicienne, les attributs tirĂ©s des Lois, de la RĂ©publique, du PhĂšdre et du PhĂ©don de Platon et conclut en distinguant trois degrĂ©s dans les noms divins ceux qui sont rĂ©ellement divins demeurent au niveau des dieux eux-mĂȘmes et ne sont connus que par eux, ceux qui existent au niveau de lâintellect sont comme des similitudes » áœÎŒÎżÎč᜜Όαα des premiers et ceux qui sont produits au niveau du discours sont des images des ĂȘtres divins » ΔጰÎșáœčΜα Μ ΞΔ᜷Μ. Chaque nom, ajoute-t-il, est comme une statue des dieux áŒÎłÎ±Î»ÎŒÎ±Î± Μ ΞΔΜ » ThĂ©ol. Plat. I, 29. 8Pour Denys, les noms divins sont fournis par les Oracles λáœčÎłÎčα sacrĂ©s », câest-Ă -dire par lâĂcriture sainte, câest pourquoi on ne doit absolument oser ni dire, ni mĂȘme penser quoi que ce soit au sujet de la DĂ©itĂ© suressentielle et cachĂ©e en dehors de ce qui nous a Ă©tĂ© divinement rĂ©vĂ©lĂ©par les Oracles sacrĂ©s » DN 588 A. Les noms divins ne sont donc pas tirĂ©s de la pensĂ©e humaine, mais ils sont rĂ©vĂ©lĂ©s. La DĂ©itĂ© suressentielle et cachĂ©e DN I, § 1 9Or, dĂšs le dĂ©but, Dieu, ou la DĂ©itĂ© », est caractĂ©risĂ© par ces deux attributs suressentiel et cachĂ© », suressentiel, câest-Ă -dire au-delĂ de lâĂȘtre, et cachĂ©, car Dieu est un Dieu cachĂ© », comme le dit le prophĂšte IsaĂŻe Vraiment, tu es un Dieu qui se cache » Is 45, 15. 10La dĂ©finition de Dieu comme suressentiel », qui est une dĂ©finition philosophique, dĂ©termine la question de la connaissance de Dieu et celle du langage sur Dieu. 11La vĂ©ritable connaissance de Dieu est la connaissance de son inconnaissance ou encore la connaissance de ce quâil nâest pas. Aussi bien les philosophes paĂŻens que les thĂ©ologiens chrĂ©tiens lâaffirment. 12Plotin dit dans les EnnĂ©ades Ă propos de lâUn Nous disons ce quâil nâest pas, nous ne disons pas ce quâil est » Enn. V, 3 [49] 14, 4-8 ; et encore tout ce qui est dit de lui lâest par nĂ©gation » Enn. VI, 8 [39] 11, 34-35. 13ClĂ©ment dâAlexandrie a cette trĂšs belle phrase dans les Stromates Si [du Christ] nous nous avancions par la saintetĂ© vers lâabĂźme, nous nous approcherions en quelque maniĂšre de lâintellection du Tout-Puissant, reconnaissant non ce quâil est, mais ce quâil nâest pas » Strom. V, 11, 71, 3. Nous ne pouvons pas savoir de Dieu ce quâil est, mais ce quâil nâest pas, telle est la voie de la thĂ©ologie nĂ©gative. Lâhomme peut savoir ce que Dieu nâest pas, câest-Ă -dire tout ce que lui, lâhomme, connaĂźt, mais non ce que Dieu est, car il est au-delĂ de toute connaissance. Dieu est un abĂźme » insondable, et câest par la saintetĂ© » que nous pouvons nous approcher de lâintellection du Tout-Puissant ». 14Si Dieu est suressentiel », il est au-delĂ de la raison, de lâintellect et de lâessence » et par consĂ©quent de toute connaissance, mais la science suressentielle » de la DivinitĂ© sera prĂ©cisĂ©ment son inconnaissance » DN 588 A. 15Cette science suressentielle », dit Denys, est une contemplation des splendeurs plus sublimes » dans la mesure oĂč le rayon des Oracles thĂ©archiques se livre Ă nous » DN 588 A. Notre capacitĂ© Ă contempler les choses divines » est donc proportionnĂ©e Ă la mesure oĂč le rayon se livre Ă nous », mais aussi Ă notre propre capacitĂ© de le recevoir Câest selon la mesure proportionnĂ©e Ă chaque intellect que les choses divines se dĂ©voilent et se donnent Ă contempler » DN 588 A. 16Denys commence par affirmer la transcendance divine qui ne peut ĂȘtre pensĂ©e ou nommĂ©e Dieu est une Essence suressentielle, un Intellect inintelligible et une Parole ineffable, et par consĂ©quent, il est sans intelligibilitĂ©, sans parole et sans nom » áŒÎœáœčηο, áŒÎ»ÎżÎłÎż, áŒÎœáœœÎœÏ ÎŒÎż pour lâesprit humain qui ne peut penser ni dire quoi que ce soit au sujet de Celui qui est au-delĂ de lâintelligence ou de la parole. 17Dieu est au-delĂ de tout et cependant Cause de tout ce qui est et, tout en Ă©tant pour tous la Cause de leur ĂȘtre, pourtant nâest pas, en tant quâelle est au-delĂ de toute essence ». 18VoilĂ la double caractĂ©ristique de Dieu il est Ă la fois Au-delĂ de tout » et Cause », Au-delĂ de tout ce qui est et Cause de ce qui est. Et tous les noms divins vont ĂȘtre considĂ©rĂ©s selon ce double aspect. 19Mais â dernier paradoxe â la Cause de lâĂȘtre nâest pas en tant quâelle est au-delĂ de toute essence ». Câest une doctrine nĂ©oplatonicienne. 20Platon dans le ParmĂ©nide, Plotin dans la VIeEnnĂ©ade Enn. VI, 9, Porphyre Sentence 26, Proclus Theol. plat. II, 5 [38, 26-39, 5] et Damascius De prim. princ. 7 [17, 24 â 18, 1] ont tous dissertĂ© sur le non-ĂȘtre Όᜎ áœÎœ de la Cause suressentielle de tout ĂȘtre. Damascius parle dâune privation par supĂ©rioritĂ©, comme le non-ĂȘtre qui signifie le supra-substantiel ». Câest donc un non-ĂȘtre par supĂ©rioritĂ© » ou par Ă©minence ». Le Bien DN I, § 3 21Sans transition, Denys passe alors de la considĂ©ration de la DĂ©itĂ© suressentielle » Ă celle du Bien qui caractĂ©rise la Cause et qui est le premier des noms divins. 22Le Bien est incommunicable, nĂ©anmoins il se communique et apparaĂźt par des illuminations proportionnĂ©es aux intellects saints ». Il y a une thĂ©ophanie lumineuse du Bien et les intellects doivent tendre vers elle, tout en honorant le secret de la ThĂ©archie » DN 589 B. 23Il faut Ă la fois honorer le secret de la ThĂ©archie par un chaste silence » et se tendre vers les splendeurs qui brillent pour nous dans les Oracles sacrĂ©s et, par leurs lumiĂšres, [ĂȘtre] entraĂźnĂ©s vers les hymnes thĂ©archiques, en Ă©tant Ă©clairĂ©s par elles ». Lâopposition entre le chaste silence » et les hymnes » correspond Ă la distinction entre lâAu-delĂ de tout et la Cause de tout, principe de toute illumination. 24VoilĂ lâorigine des hymnes thĂ©archiques » ils sont en quelque sorte imprimĂ©s » Denys parle dâune empreinte » dans lâintellect par les lumiĂšres thĂ©archiques » et, en retour, les hymnes thĂ©archiques » permettent de voir les lumiĂšres thĂ©archiques » et de chanter le Principe bĂ©nĂ©fique de toute sainte illumination », comme cause, principe, ĂȘtre et vie de tout », etc. Hymnologie sacrĂ©e DN I, § 4 25En conclusion, Denys sâadresse Ă TimothĂ©e, le destinataire du traitĂ© des Noms divins VoilĂ Ă quoi nous avons Ă©tĂ© initiĂ©s par les divins Oracles. Et tu pourras trouver que, pour ainsi dire, toute lâhymnologie sacrĂ©e des thĂ©ologiens dispose, selon les processions bienfaisantes de la ThĂ©archie, par mode de rĂ©vĂ©lation et par mode de louange, les noms divins DN 589 D. La connaissance des noms divins est une initiation ». 26Et cette initiation est due Ă la philanthropie divine Câest Ă ces lumiĂšres que nous aussi avons Ă©tĂ© initiĂ©s maintenant, dâune façon qui nous est proportionnĂ©e, Ă travers les voiles sacrĂ©s, lâamour de Dieu pour lâhomme » DN 592 B. Les noms divins sont des processions bienfaisantes de la ThĂ©archie ». 27Ils sont aussi des puissances ». Câest le terme clĂ© que Denys rĂ©pĂšte pour chaque nom divin. Le terme grec est bien Ύ᜻ΜαΌÎč et non pas áŒÎœáœłÏγΔÎčα, et câest en rĂ©fĂ©rence Ă GrĂ©goire Palamas que les orthodoxes, comme Vladimir Lossky, parlent des Ă©nergies » des noms divins. Lâhymnologie sacrĂ©e dispose les noms divins par mode de rĂ©vĂ©lation et par mode de louange ». Tout le traitĂ© est une hymnologie des noms divins. 28LâidĂ©e dâune hymnologie » des noms divins se trouve chez les philosophes nĂ©oplatoniciens. Ainsi lorsque Proclus dĂ©crit le voyage de lâĂąme sur la voie des nĂ©gations, il dit que, aprĂšs avoir dĂ©passĂ© lâintelligible, elle se prosterne, comme devant le soleil », les yeux fermĂ©s et, aprĂšs avoir vu le soleil de la lumiĂšre des dieux intelligibles sortir de lâocĂ©an », descend de cette quiĂ©tude toute remplie de Dieu et chante un hymne en lâhonneur de la transcendance de lâUn CĂ©lĂ©brons-le comme par un hymne, [âŠ] et disons quâil est dieu entre tous les dieux, hĂ©nade entre les hĂ©nades, plus ineffable que tout silence et plus inconnaissable que toute existence, dieu saint, cachĂ© dans la saintetĂ© des dieux intelligibles Theol. plat. II, 11 [65, 5-15]. 29Denys reprendra cette idĂ©e dâun Dieu plus ineffable que tout silence et plus inconnaissable que toute existence ». 30Dans les Noms divins, il veut cĂ©lĂ©brer Dieu comme Monade ou HĂ©nade et comme TrinitĂ©, Ă cause de la manifestation en trois Hypostases de la FĂ©conditĂ© suressentielle de laquelle toute paternitĂ©, au ciel et sur terre, reçoit son ĂȘtre et son nom » Ep 3, 15, et comme Cause. Enfin il cĂ©lĂšbre JĂ©sus, [qui] de simple quâil Ă©tait, est devenu composĂ© et lui, lâĂternel, a pris une durĂ©e temporelle, et est devenu intĂ©rieur Ă notre nature ⊠» Lâincarnation du Christ amĂšne Denys Ă parler des symboles Lâamour de Dieu pour lâhomme [qui se dĂ©ploie] dans les Oracles et les traditions hiĂ©rarchiques, enveloppe les intelligibles sous les sensibles, les suressentiels sous les Ă©tants, et attribue forme et figure Ă ce qui est impossible Ă former et Ă figurer, multipliant et façonnant la simplicitĂ© au-dessus de la nature et sans contour par la variĂ©tĂ© des symboles partiels DN 592 B. 31Ainsi Ă partir de la DĂ©itĂ© suressentielle dont on ne peut connaĂźtre ce quâelle est, mais seulement ce quâelle nâest pas, Ă partir de la Cause de tout ce qui est, on peut connaĂźtre les noms divins, et Ă partir de lâincarnation du Christ, qui attribue forme et figure Ă ce qui est impossible Ă former et Ă figurer », on peut sâexprimer en symboles. Denys introduit ainsi les trois modes de la thĂ©ologie qui est nĂ©gative, affirmative et symbolique. Vision bĂ©atifique et transfiguration du Christ 32Cette section sur les noms divins sâachĂšve sur la thĂ©ophanie visible du Christ dans la vision de gloire, thĂ©ophanie semblable Ă celle de la transfiguration, oĂč les bienheureux seront comme les disciples au jour de cette trĂšs divine Transfiguration, participant Ă son don de lumiĂšre intelligible, dans un intellect sans passions et immatĂ©riel, et Ă lâunion au-dessus de lâintellect par les jaillissements inconnaissables et bienheureux de ses rayons surĂ©tincelants » DN 592 C. 33Lâintellect sans passion et immatĂ©riel » sera semblable aux Intellects supra-cĂ©lestes », câest-Ă -dire les Anges, et nous serons alors Ă©gaux aux Anges » áŒ°áœ±ÎłÎłÎ”Î»ÎżÎč, Lc 20, 36. 34Quant Ă lâunion au-dessus de lâintellect » avec la lumiĂšre intelligible, Denys dit que câest Ă la cessation de toute activitĂ© intellectuelle que se produit une telle union des intellects dĂ©ifiĂ©s avec la LumiĂšre plus que divine » DN I, 5, 593 B. 35Nâoublions pas que Plotin et les nĂ©oplatoniciens affirment la transcendance de lâUn premiĂšre Hypostase, par rapport Ă lâIntellect seconde Hypostase et Ă lâĂme troisiĂšme Hypostase, ce qui sous-tend les affirmations de Denys sur lâunion au-dessus de lâintellect. 36Cette union des intellects dĂ©ifiĂ©s » avec cette lumiĂšre est une union au-dessus de lâintellect » dont il ne peut y avoir une connaissance et qui est cĂ©lĂ©brĂ©e de la maniĂšre la plus appropriĂ©e par la nĂ©gation de tous les Ă©tants Μ áœÎœÎœ áŒÏαÎčÏáœłÎ” ». 37Nous retrouverons cette supĂ©rioritĂ© de la thĂ©ologie nĂ©gative dans la ThĂ©ologie mystique. Objection DN I, § 5 38Câest alors que Denys se pose lâobjection de la possibilitĂ© mĂȘme dâun discours des noms divins si la DĂ©itĂ© est supĂ©rieure Ă tout discours » Et pourtant, si la DĂ©itĂ© est supĂ©rieure Ă tout discours et Ă toute connaissance et est Ă©tablie absolument au-dessus de lâintellect et de lâessence, embrassant tout, comprenant tout, et anticipant tout, mais Ă©tant elle-mĂȘme absolument insaisissable Ă tous, et sâil nây a dâelle ni sensation, ni imagination, ni opinion, ni nom, ni parole, ni contact, ni science, comment un discours Sur les noms divins pourra-t-il ĂȘtre traitĂ© alors quâon dĂ©montre que la DĂ©itĂ© suressentielle est sans appellation et au-dessus de tout nom ? DN 593 A-B. Anonyme et polyonyme DN I, § 6. ThĂ©ologie affirmative et thĂ©ologie nĂ©gative 39Denys rĂ©pond en faisant la distinction entre la DĂ©itĂ© sans nom anonyme et la DĂ©itĂ© susceptible de tous les noms polyonyme Ce que sachant, les thĂ©ologiens la cĂ©lĂšbrent Ă la fois comme âsans nomâ áœĄ áŒÎœáœœÎœÏ ÎŒÎżÎœ et âĂ partir de tout nomâ áŒÎș ÏαΜ᜞ áœÎœáœčÎŒÎ±Îż » DN 596 A. Celui-lĂ nâest-il pas en vĂ©ritĂ© le nom admirable, celui qui est au-dessus de tout nom ᜞ áœÏáœČÏ Ï៶Μ áœÎœÎżÎŒÎ± Ph 2, 9, le sans nom ᜞ áŒÎœáœœÎœÏ ÎŒÎżÎœ, situĂ© au-dessus de tout nom nommĂ©, soit dans ce siĂšcle, soit dans le siĂšcle Ă venir Ep 1, 21 ? DN 596 Î. Dâautre part, comme ayant de nombreux noms ÏÎżÎ»Ï áœœÎœÏ ÎŒÎżÎœ lorsquâils la montrent inversement en train de dire Je suis celui qui est Ex 3, 14, la Vie Jn 11, 25, la LumiĂšre Jn 8, 12, Dieu Jn 1, 1, la VĂ©ritĂ© Jn 14, 6, ou lorsque les experts Ăšs choses divines eux-mĂȘmes le cĂ©lĂšbrent sous une foule de noms, Lui qui est Cause de tout DN 596 Î. Cause de tout DN I, § 7. ThĂ©ologie affirmative 40Le Dieu susceptible de nombreux noms polyonyme est la DĂ©itĂ© en tant que BontĂ©, et Providence » 597 B â et nous verrons quâun certain nombre de noms dĂ©pendent de la Providence qui dĂ©signe la relation de Dieu Ă tout ce qui est. Formes et figures humaines DN I, § 8. ThĂ©ologie symbolique 41La DĂ©itĂ© peut ĂȘtre aussi exprimĂ©e par des symboles ou des figures car, Ă cĂŽtĂ© de la thĂ©ologie nĂ©gative et de la thĂ©ologie affirmative, il y a place pour la thĂ©ologie symbolique, comme Denys le dit dans le dernier chapitre de la HiĂ©rarchie cĂ©leste, oĂč il mentionne le symbolisme du feu, du vent, du corps humain, des animaux, et du char dâĂzĂ©chiel, et dans la Lettre IX sur les nourritures de la Sagesse oĂč il parle de ces signes sacrĂ©s ጱΔÏᜰ Ï ÎœÎžáœ”ÎŒÎ±Î± dont on a eu lâaudace dâuser pour reprĂ©senter Dieu, en projetant au-dehors et en multipliant les apparences visibles des choses cachĂ©es ÏαÎčΜáœčΌΔΜα Μ ÎșÏÏ Ï᜷Μ, [âŠ] en sorte que celui qui pourrait voir la belle apparence ΔáœÏÏáœłÏΔÎčαΜ cachĂ©e Ă lâintĂ©rieur [de ces signes] les trouverait tous mystiques, conformes Ă Dieu ÎŒÏ ÎčÎșᜰ Îșα᜶ ΞΔοΔÎčÎŽáż ÏᜱΜα et pleins dâune grande lumiĂšre thĂ©ologique EP IX, 1105 BC. 42La dĂ©couverte du sens du symbole se fait par la nĂ©gation du sensible qui dĂ©couvre en quelque sorte le noyau du fruit aprĂšs avoir enlevĂ© sa chair. La chair du fruit est le symbole, son noyau le mystĂšre. Initiation áŒÏÎżÏΔ᜷α et explication áŒÎœáœ±ÏÏ ÎŸÎč 43En conclusion, Denys revient sur les deux modes de connaissance des noms divins lâinitiation et lâexplication, qui sâadressent aux sens spirituels lâune sâadresse au regard qui contemple les contemplations thĂ©ophaniques », lâautre aux oreilles » qui Ă©coutent les explications des saints noms divins » DN 597 C. 44Enfin Denys rappelle lâattitude fondamentale de ces contemplations thĂ©ophaniques » des noms divins, elles doivent ĂȘtre dirigĂ©es vers la vision de Dieu oĂč se dĂ©couvrira leur sens ultime Par une pensĂ©e dirigĂ©e vers la vision de Dieu, soyons initiĂ©s, au sens propre du terme, aux contemplations thĂ©ophaniques ᜰ ÎΔοÏÎ±ÎœÎ”áż áŒÏÎż-ÏΔ᜻ΌΔΜ, ÎșÏ Ï᜷ ΔጰÏΔáżÎœ, ΞΔÏ᜷α et ouvrons les oreilles saintes aux explications áŒÎœÎ±Ï᜻ΟΔÎč saintes des saints noms divins DN 597 B. Du Bien au Bien ou du Bien Ă lâUn la disposition des noms divins 45Quel est maintenant le plan des Noms divins ? Processions, providences et puissances 46Le traitĂ© des Noms divins commence par une priĂšre Ă la TrinitĂ© qui est Principe du Bien et au-dessus du Bien » Examinons la dĂ©nomination parfaite du Bien qui manifeste toutes les processions de Dieu, aprĂšs avoir invoquĂ© la TrinitĂ© qui est principe du Bien et au-dessus du Bien et qui manifeste la totalitĂ© de ses trĂšs bonnes providences. Car câest vers elle comme Principe du Bien quâil nous faut nous Ă©lever par la priĂšre DN III, 1, 680 B. 47La contemplation comme la priĂšre est une Ă©lĂ©vation de lâesprit » vers Dieu. Î ÏáœčοΎο, ÎŒÎżÎœáœ”, áŒÏÎčÏÎżÏ᜔ 48La TrinitĂ© est principe du Bien, et le Bien est le principe de tout ce qui est Le Bien est, comme disent les Oracles, ce Ă partir de quoi toutes choses ont surgi et sont comme produites par une cause absolument parfaite, et en quoi toutes choses subsistent, comme en un fondement tout-puissant qui les garde et les maĂźtrise, et vers quoi toutes choses se convertissent, comme le terme propre Ă chacune et ce Ă quoi toutes choses aspirent DN IV, 4, 700 B. 49Câest le mouvement de la procession ÏÏáœčοΎο, de la conversion áŒÏÎč-ÏÎżÏ᜔ et de la permanence ÎŒÎżÎœáœ” qui structure lâensemble des noms divins. Denys dit quâil y a un mouvement de procession et de conversion du Beau et du Bien vers le Beau et le Bien DN IV, 10, 705 C-D et que Dieu est Principe, comme Cause et Fin » DN V, 10, 825 B. 50Il ne faut pas distinguer trois parties du traitĂ© correspondant aux trois moments de la procession, de la permanence et de la conversion. Cependant il y a trois noms divins dont Denys dit expressĂ©ment quâils sont agents ou effets de la conversion des Ă©tants il sâagit de la LumiĂšre DN IV, 3, 701 B, de la Similitude DN IX, 6, 913 C et de la Paix DN XI, 952 A. 51Dâautre part, Denys dit, au chapitre X, que le Tout-Puissant et lâAncien des Jours sont des noms qui concernent le procĂšs du principe Ă la fin áŒÎŒÏÎżáżÎœ ᜞ áŒÎŸ áŒÏÏáż ÎŽÎčᜰ ÏÎŹÎœÎœ áŒÏÏÎč ÎÎ»ÎżÏ Î±áœáœžÎœ ÏÏÎżÏÎΜαÎč ÎŽÎčΎαÎșΜΜ, 937 B, ce qui est aussi vrai de la Paix. Enfin la Cause de tout » est Ă la fois appelĂ©e Dieu des dieux » chap. XII et Un » chap. XIII. 52LâunitĂ© de la structure des Noms divins doit ĂȘtre cherchĂ©e dans la Ύ᜻ΜαΌÎč, car seule la puissance permet de penser lâunitĂ© des deux mouvements de procession et de conversion, et plus particuliĂšrement dans cette puissance unitive » vis unitiva quâest lâĂ©ros, comme lâenseigne HiĂ©rothĂ©e dans ses Hymnes sur lâamour DN IV, 15-17. En cela lâAmour divin se montre, de maniĂšre singuliĂšre, sans fin ni principe, comme un cercle perpĂ©tuel qui, Ă cause du Bien, Ă partir du Bien, dans le Bien et vers le Bien ᜄÏÎ”Ï Îč áŒÎÎŽÎčÎż Îș᜻Îșλο ÎŽÎčᜰ áŒÎłÎ±ÎžáœčΜ, áŒÎș áŒ-γαΞοῊ Îșα᜶ áŒÎœ áŒÎłÎ±Îž Îșα᜶ Δጰ áŒÎłÎ±ÎžáœčΜ, parcourt une orbite impeccable ; et dans le mĂȘme et selon le mĂȘme, il ne cesse de procĂ©der, de demeurer et de revenir au mĂȘme point. Câest cela que notre illustre initiateur a exposĂ©, de façon inspirĂ©e, dans ses hymnes sur lâamour DN IV, 14, 712 D-713 A. 53LâĂ©ros apparaĂźt alors comme la puissance qui meut tous les ĂȘtres vers Dieu, comme lâa bien vu Dante, Ă la fin de la Divine comĂ©die, pour qui lâamour meut le monde et les Ă©toiles, et le mouvement des Noms divins il nây a quâune seule puissance qui Ă la fois sort de Dieu, comme une force amoureuse surabondante, se dĂ©verse de la source originelle, des supĂ©rieurs aux infĂ©rieurs, poussant les infĂ©rieurs Ă se retourner vers les supĂ©rieurs DN IV, 15, 713 A-B, et qui revient Ă Dieu, attirĂ©e par sa fin qui est aussi son principe. 54Ce cercle perpĂ©tuel » de lâamour le conduit de la ÎŒÎżÎœáœ” Ă la ÏÏáœčοΎο et de nouveau de lâáŒÏÎčÏÎżÏ᜔ Ă la ÎŒÎżÎœáœ”, de lâUn au multiple et de nouveau du multiple Ă lâUn. Car lâamour unifie tout dans lâUn, il est la puissance unifiante ». Tous les noms sont appelĂ©s des puissances » DN 645 A et la Puissance est un des noms divins chap. VIII, mais seuls lâĂros DN IV, 709 D et la Paix DN XI, 952 A sont appelĂ©s puissance unifiante » ÎŽÏΜαΌÎč áŒÎœÎżÏοίο. Lâamour est au cĆur des Noms divins, parce quâil est la cause et lâunitĂ© du mouvement circulaire ÎŒÎżÎœáœ”, ÏÏáœčοΎο, áŒÏÎčÏÎżÏ᜔. 55Mais quelles sont la structure et lâunitĂ© des Noms divins ? Pour Ă©tablir le plan des Noms divins, il faut noter les phrases charniĂšres », au dĂ©but de chaque chapitre, elles nous permettent de voir lâarticulation du plan des Noms divins dâaprĂšs le texte mĂȘme de ce traitĂ© et non dâaprĂšs une structure arbitraire, extĂ©rieure au texte. 56Comme Thomas dâAquin dans son Exposition sur les Noms divins, je distingue deux parties la premiĂšre sur Dieu chap. I-III et la seconde sur les processions » chap. IV-XIII, considĂ©rĂ©es en tant quâelles sont » les noms Ă©tiologiques », câest-Ă -dire de la Cause, le Bien, le Beau, lâAmour chap. IV, et la triade Ătre, Vie, Sagesse chap. V-VII et se perfectionnent » les noms sotĂ©riologiques », la Puissance, la Justice, le Salut, chap. VIII, en tant quâelles se comparent entre elles » les noms opposĂ©s », le Grand, le Petit, chap. IX, dont le rĂ©sultat est lâordre pacifique de la crĂ©ation », câest-Ă -dire la Paix, chap. XI, en tant quâelles sont ordonnĂ©s Ă une fin » la sanctification et la seigneurie de Dieu sur lâunivers, chap. XII, et enfin, les noms de la fin elle-mĂȘme ou les noms de la Cause, qui sont uniquement le Parfait et lâUn chap. XIII. 57Le grand mouvement de procession et de conversion des noms divins commence avec le Bien et sâachĂšve avec lâUn, et ce mouvement est un mouvement circulaire qui va du Bien au Bien » Il nâexiste quâune seule puissance simple qui se meut dâelle-mĂȘme vers une sorte de fusion unifiante áŒÎœÎčÎș᜔Μ ÎčΜα ÎșÏ៶ÎčΜ Ă partir du Bien jusquâau dernier des Ă©tants, et qui, Ă partir de celui-ci, se recourbe elle-mĂȘme en cercle Ă travers tous [les Ă©tants], Ă partir dâelle-mĂȘme et par elle-mĂȘme et sur elle-mĂȘme et sâenroule toujours de la mĂȘme façon sur elle-mĂȘme DN IV, 14, 713 D. 58Mais, au-delĂ mĂȘme du Bien Cause de tout, la procession des noms a sa source dans lâunion áŒÎœÎč et la distinction ÎŽÎčÎŹÎșÏÎčÎč divines au sein mĂȘme de la TrinitĂ©, au chapitre II, et sâachĂšve avec la conversion de tout vers lâUn áŒÎœ, qui fait lâunitĂ© de tous les attributs positifs », au chapitre XIII. De lâUnion áŒÎœÎč Ă lâUn áŒÎœ tel est le mouvement et le plan du traitĂ© des Noms divins, qui est vĂ©ritablement un traitĂ© thĂ©ologique. Le divin Ăros 59Il y a pourtant un nom divin qui est Ă part car il est au cĆur du mouvement de procession ÏÏáœčοΎο et de conversion áŒÏÎčÏÎżÏ᜔ des noms divins qui va du Bien au Bien », câest lâĂros, lâamour divin ᜠΞΔáżÎż áŒÏ. 60Denys a Ă©tĂ© directement influencĂ© par le Commentaire de Proclus sur le Premier Alcibiade de Platon. Cependant la conception dionysienne de lâĂ©ros a une autre source que Proclus, câest OrigĂšne. LĂ encore il y a deux sĂ©ries de sources, nĂ©oplatoniciennes et chrĂ©tiennes. Le Commentaire sur le Premier Alcibiade de Proclus 61Du Commentaire sur le Premier Alcibiade de Proclus, Denys a repris le principe unitaire et primordial de lâamour áŒĄ áŒÎœÎčα᜷α Îșα᜶ ÏÏÎżÏ ÏÎłáœž οῊ áŒÏÎż áŒÏÏ᜔ et le caractĂšre mĂ©diateur de lâamour entre lâunion et la distinction câest lĂ oĂč existent Ă la fois unitĂ© et distinction entre les ĂȘtres quâapparaĂźt lâamour comme mĂ©diateur ᜠÏÎżÏ ÎŽáœČ áŒĄ áŒÎœÎč Îșα᜶ áŒĄ ÎŽÎčᜱÎșÏÎčÎč Μ áœÎœÎœ, áŒÎșΔῠÎșα᜶ ᜠáŒÏ ÎŒáœłÎż áŒÎŸáœłÏηΜΔ. Car il est le lien Ï ÎœÎŽÎ”ÎčÎș᜞ Îłáœ±Ï áŒÎč des ĂȘtres sĂ©parĂ©s, celui qui unit Ï ÎœÎ±ÎłÎłáœč les ĂȘtres qui viennent Ă sa suite Ă ceux qui le prĂ©cĂšdent, celui qui convertit áŒÏÎčÏΔÏÎčÎșáœč les ĂȘtres de second rang vers ceux du premier, celui qui Ă©lĂšve et perfectionne les ĂȘtres plus imparfaits. Lâamour agit en Ă©levant ceux qui ont part Ă la puissance qui procĂšde de lui vers le Beau et en crĂ©ant, en tous les ĂȘtres, un lien unique et une amitiĂ© unique et indissoluble, et entre ces ĂȘtres et avec le Beau lui-mĂȘme » In Alc., p. 33, l. 9-14. 62La dĂ©finition de lâamour comme puissance unifiante » a eu, dans sa traduction latine vis unitiva, une grande fortune dans tout le Moyen Ăge. On la trouve chez Thomas dâAquin aussi bien dans son Commentaire des Noms divins â Câest pourquoi lâamour est le lien des amants, car, selon Denys, au chapitre 4 des Noms divins, il est une sorte de force unitive » Praeterea, amor est nexus amantium quia secundum Dionysium, cap. 4 De divinis nominibus est quaedam vis unitiva â, que dans la Somme ThĂ©ologique, Ă propos de lâEsprit Saint S. T., Ia, q. 37, a. 1, obj. 3. Ăros et agapĂš chez OrigĂšne 63Cependant la conception dionysienne de lâĂ©ros a une autre source que Proclus, câest OrigĂšne. Du Commentaire sur le Cantique des Cantiques dâOrigĂšne, Denys a retenu le nom mĂȘme dâĂ©ros donnĂ© Ă Dieu ainsi que les deux citations de Pr 4, 6-8 sur la Sagesse, et de la Lettre aux Romains dâIgnace dâAntioche, Mon Ă©ros a Ă©tĂ© crucifiĂ© » Ad Rom. 7, 2 qui se trouvent toutes deux Ă la fois dans le Prologue § 25 et 36 du Commentaire dâOrigĂšne et dans les Noms divins. 64Il est sans importance que, dans les divines Ăcritures on dise amour, ou charitĂ©, ou tendresse utrum amor dicatur an caritas an dilectio, si ce nâest que le nom de charitĂ© est dâune telle Ă©lĂ©vation que mĂȘme Dieu lui-mĂȘme est appelĂ© charitĂ©, au dire de Jean Mes bien-aimĂ©s, aimons-nous les uns les autres, car la charitĂ© est de Dieu, et quiconque aime est nĂ© de Dieu et connaĂźt Dieu. Mais celui qui nâaime pas ne connaĂźt pas Dieu, car Dieu est charitĂ© » 1 Jn 4, 7 In Cant., prol., § 25. 65DĂšs lors, il importe peu que lâon dise que Dieu est aimĂ© ou quâil est chĂ©ri, et je ne pense pas que lâon puisse ĂȘtre blĂąmĂ© si on donne Ă Dieu le nom dâ Amour » Ă©ros, comme Jean celui de charitĂ© » agapĂš. Ainsi, je me rappelle quâun des saints du nom dâIgnace, a dit du Christ Mon Amour est crucifiĂ© », et pour cela je ne le juge pas digne de blĂąme In Cant, prol. § 36. Ăros chez GrĂ©goire de Nysse 66Ă la suite dâOrigĂšne, GrĂ©goire de Nysse, dans les HomĂ©lies sur le Cantique des Cantiques, explique pourquoi Ă©ros traduit mieux que agapĂš lâexcĂšs de lâamour La nature humaine ne peut exprimer ce surplus [quâest lâamour divin]. Aussi a-tâelle pris pour symbole pour nous faire comprendre son enseignement ce quâil y a de plus violent ᜞ ÏοΎÏáœčÎ±ÎżÎœ dans les passions qui sâexercent en nous, je veux dire la passion de lâamour áŒÏÎčÎș᜞Μ Ïáœ±ÎžÎż, afin que nous apprenions par-lĂ que lâĂąme qui a les yeux fixĂ©s áŒÎœÎ±Î”Îœáœ·Î¶ÎżÏ Î±Îœ sur la BeautĂ© inaccessible de la nature divine, est Ă©prise áŒÏ៶Μ dâelle, autant que le corps a de penchant pour ce qui lui est connaturel Ï ÎłÎłÎ”Îœáœł, changeant en apathie la passion, en sorte que toute disposition charnelle Ă©tant Ă©teinte, notre Ăąme brĂ»le en nous amoureusement áŒÏÎčÎș de la seule flamme de lâEsprit Oratio I, 773 B-C. 67GrĂ©goire reprend aussi dans ses HomĂ©lies sur le Cantique des Cantiques, la citation des Proverbes 4, sur la Sagesse que Denys citera Ă©galement Aime-la passionnĂ©ment, et elle te gardera ; Ă©treins-la, et elle tâĂ©lĂšvera, honore-la pour quâelle tâembrasse » puisque câest la Sagesse qui te le dit, aime áŒÎłáœ±ÏÎ·ÎżÎœ autant que tu le peux, de tout ton cĆur, de toutes tes forces, dĂ©sire autant que tu le pourras. Mais jâajouterai audacieusement ces paroles Aime passionnĂ©ment áŒÏᜱΞηÎč, car la passion est irrĂ©prĂ©hensible et impassible, quand elle sâadresse Ă des ĂȘtres incorporels Oratio I [GNO 6, 23]. 68Lâamour passionnĂ© de la Sagesse Pr 4, 6 et la crucifixion de lâamour Ă©ros selon Ignace dâAntioche, sont les modĂšles de lâĂ©ros chrĂ©tien. Mais avant Ignace dâAntioche ou OrigĂšne, le modĂšle de Denys lâArĂ©opagite est Paul de Tarse, comme il le dit dans les Noms divins. Saint Paul et lâamour extatique2 2 Cf. Y. de Andia, Henosis. Lâunion Ă Dieu chez Denys lâArĂ©opagite Philosophia antiqua 71, Leiden, ... Mais lâamour divin est Ă©galement extatique, ne laissant pas les amants sâappartenir Ă eux-mĂȘmes, mais Ă ceux quâils aiment. La preuve câest que les supĂ©rieurs sont faits [pour ĂȘtre] la providence des infĂ©rieurs, les Ă©gaux pour une cohĂ©sion mutuelle, et les infĂ©rieurs pour une conversion plus divine vers les premiers. Câest pourquoi le grand Paul, possĂ©dĂ© par lâamour divin et ayant reçu part Ă sa puissance extatique, dit de sa bouche inspirĂ©e Je vis, mais non plus moi, câest le Christ qui vit en moi » ; en vĂ©ritable amant sorti de lui », comme il le dit lui-mĂȘme, pour Dieu », vivant non plus sa propre vie, mais celle de Celui quâil aime, comme trĂšs aimĂ©e DN IV, 13, 712 A. 69La preuve » de la puissance extatique » áŒÎșαÎčÎșᜎ Ύ᜻ΜαΌÎč de lâamour, câest quâil pousse les ĂȘtres Ă sortir dâeux-mĂȘmes pour ĂȘtre la providence ÏÏáœčÎœÎżÎčα des infĂ©rieurs, la cohĂ©sion Ï ÎœÎżÏ᜔ des Ă©gaux entre eux et la conversion áŒÏÎčÏÎżÏ᜔ des infĂ©rieurs envers les supĂ©rieurs. 70Denys fonde le caractĂšre extatique de lâĂ©ros sur la parole de saint Paul dans lâĂ©pĂźtre aux Galates Je vis, mais non plus moi, câest le Christ qui vit en moi » Ga 2, 20. Le participe parfait áŒÎŸÎ”ηÎș᜜ caractĂ©rise Paul qui, en vĂ©ritable amant, est sorti de lui » cf. 2 Co 5, 13 et ne vit plus sa propre vie, mais celle de Celui quâil aime. 71Cette loi de lâAmour divin de ne plus sâappartenir Ă soi-mĂȘme, mais de sortir de soi par amour, est celle de Dieu lui-mĂȘme lâextase de lâhomme en Dieu se double de lâextase de Dieu en lâhomme. Denys poursuit Mais il faut aussi oser dire, dans lâintĂ©rĂȘt de la vĂ©ritĂ©, ceci Lui-mĂȘme, Cause de tout, par lâAmour beau et bon de tous les ĂȘtres, dans la surabondance de sa BontĂ© amoureuse, sort de lui-mĂȘme par ses providences Ă lâĂ©gard de tous les Ă©tants et, pour ainsi dire, se laisse sĂ©duire par la bontĂ©, la dilection et lâamour ; et, de sĂ©parĂ© [quâil Ă©tait] de tout et au-dessus de tout, il se laisse entraĂźner Ă [ĂȘtre] en tous selon la puissance suressentielle par laquelle il sort de lui-mĂȘme sans se sĂ©parer de lui-mĂȘme DN IV, 13, 712 A-B. 72Lâextase de lâAmour divin se manifeste dans sa providence et sa puissance il sort de lui-mĂȘme áŒÎŸ áŒÎ±Ï οῊ Îłáœ·ÎœÎ”Î±Îč par ses providences Ă lâĂ©gard de tous les Ă©tants », sans se sĂ©parer de lui-mĂȘme » áŒÎœÎ”ÎșÏÎżáœ·Î·ÎżÎœ áŒÎ±Ï οῊ. 73La procession ÏÏáœčοΎο hors de soi est insĂ©parable de la permanence ÎŒÎżÎœáœ” en soi. La doctrine de HiĂ©rothĂ©e 74Cette triple dimension de lâamour comme liaison entre les Ă©gaux, providence envers les infĂ©rieurs et conversion vers les supĂ©rieurs, se retrouve Ă©galement dans les Hymnes sur lâamour du TrĂšs saint HiĂ©rothĂ©e Lâamour, que nous appellerions soit divin, soit angĂ©lique, soit intellectuel, soit psychique, soit physique, concevons-le comme une puissance dâunification et de mĂ©lange qui meut les ĂȘtres supĂ©rieurs Ă [devenir] la providence envers les infĂ©rieurs, les ĂȘtres de mĂȘme rang, Ă leur tour, vers une liaison mutuelle, et, en dernier lieu, ceux qui sont situĂ©s en bas Ă la conversion vers les meilleurs qui sont placĂ©s au-dessus DN IV, 15, 713 A-B. 75Nous retrouvons le Commentaire sur le Premier Alcibiade de Proclus. 76HiĂ©rothĂ©e rĂ©partit ou classe les amours multiples, dans lâordre de la procession, Ă partir dâun seul áŒÎș οῊ áŒÎœáœč, puis, il les ramĂšne, dans un mouvement de conversion, Ă lâAmour unique Δጰ ᜞Μ áŒÎœÎ± [âŠ] áŒÏα. 77Lâamour, puissante unifiante » qui ramĂšne le multiple Ă lâUn, nâest autre que lâAmour unique et unifiĂ© qui est leur pĂšre Δጰ ᜞Μ áŒÎœÎ± Îșα᜶ Ï ÎœÎ”ÏÏ Îł-ÎŒáœłÎœÎżÎœ áŒÏα Îșα᜶ ÏᜱΜΜ αáœÎœ ÏÎ±áœłÏα ». Il est lâAmour divin ᜠΞΔáżÎż áŒÏ dont il a Ă©tĂ© question aux § 10 DN 708 B et 13 712 A de ce chapitre IV. La paternitĂ© » de cet Amour unique indique quâil engendre les multiples amours et les transcende. 78Il doit ĂȘtre distinguĂ© de lâamour total qui procĂšde de tous les Ă©tants ᜠáŒÎș Μ áœÎœÎœ áŒÏᜱΜΜ áœÎ»ÎčÎș᜞ áŒÏ par lâorigine mĂȘme de la procession lâAmour divin ᜠΞΔáżÎż áŒÏ Ă cause du Bien, Ă partir du Bien, dans le Bien et vers le Bien » 708 B parcourt comme un cercle », tandis que lâamour total ᜠáœÎ»ÎčÎș᜞ áŒÏ, qui procĂšde de tous les Ă©tants », sâĂ©lĂšve vers la Cause absolue de tout amour. LâAmour divin engendre lâamour dans les Ă©tants qui, Ă leur tour, dĂ©sirent la Cause de tout amour. 79Enfin HiĂ©rothĂ©e dit quâil faut rĂ©duire lâamour total » et lâAmour divin » Ă un seul Amour Allons plus loin, rĂ©duisant maintenant Ă lâun ces [deux puissances], disons quâil nâexiste quâune seule puissance simple et qui se meut dâelle-mĂȘme vers une sorte de fusion unifiante Ă partir du Bien jusquâau dernier des Ă©tants, et, Ă partir de celui-ci, en sens inverse et de maniĂšre suivie, se recourbant elle-mĂȘme en cercle Ă travers tous [les Ă©tants] vers le Bien, Ă partir dâelle-mĂȘme et par elle-mĂȘme et sur elle-mĂȘme et sâenroulant toujours de la mĂȘme façon sur elle-mĂȘme DN IV, 17, 713 D. 80LâĂros divin, cette puissance simple », qui parcourt un cercle Ă partir du Bien jusquâau dernier des Ă©tants » et Ă travers tous les Ă©tants vers le Bien », opĂšre une sorte de fusion unifiante » entre les Ă©tants. 81Cette puissance simple » Ό᜷α Îč áŒÏÎ»áż ÎŽáœ»ÎœÎ±ÎŒÎč est Ă©galement la puissance suressentielle » áœÏΔÏÎżáœ»ÎčÎż Ύ᜻ΜαΌÎč dont il est question au § 13 et dans la Lettre IX En les contemplant de la sorte, nous pourrons vĂ©nĂ©rer cette Source de Vie qui sâĂ©panche en soi-mĂȘme et qui demeure en soi-mĂȘme, cette Puissance unique, simple, qui se meut et agit spontanĂ©ment, qui ne sort pas de soi-mĂȘme, mais qui constitue en soi la connaissance de toutes les connaissances, car elle ne cesse jamais de se contempler elle-mĂȘme EP IX, 1104 B-C. 82Câest dans cette Lettre IX sur les nourritures de la Sagesse que Denys, Ă propos de lâivresse de la Sagesse, dit que Dieu lui-mĂȘme est hors de soi » Et si lâhomme ivre est hors de son bon sens, appliquant lâimage Ă Dieu, on doit comprendre que, dans sa transcendance qui est au-delĂ de toute intelligence, il se sĂ©pare de lâacte intellectif, se situant au-delĂ mĂȘme du plan oĂč se distinguent intellection et intelligible, au-delĂ mĂȘme de toute existence. Ivre de tout bien possible, affirmons simplement que Dieu est ainsi hors de soi, car câest trop peu dire de lui attribuer tout ensemble la plĂ©nitude de tous les biens. Il surpasse toute dĂ©mesure et, en mĂȘme temps sa demeure est extĂ©rieure et transcendante Ă tout ce qui existe EP IX, 112 C. 83Telle est la doctrine de HiĂ©rothĂ©e, son illustre initiateur » comme Denys le nomme, dans ses Hymnes sur lâamour DN IV, 15-17. 84 Dieu est amour » ᜠÏΔ᜞ áŒÎłáœ±Ïη áŒáœ·Îœ 1 Jn 4, 8, et cette passion dâamour áŒÏ a poussĂ© Dieu Ă sortir de lui-mĂȘme et Ă produire dans lâexistence des ĂȘtres qui dĂ©sirent revenir Ă leur Auteur et sâunir Ă Lui, en sâunissant les uns aux autres. Le silence devant lâIneffable Le silence 85Nous avons vu que, dans le premier chapitre des Noms divins, Denys disait quâil faut honorer dâune part le secret de la ThĂ©archie, secret au-dessus de lâintellect et de lâessence, avec un respect sacrĂ© de lâintellect qui sâinterdit toute investigation, et, dâautre part, les rĂ©alitĂ©s ineffables, avec un chaste silence » DN I, 2, 589 B. 86Le respect sacrĂ© » et le chaste silence » sont la rĂ©ponse de lâhomme au secret » divin. 87Le respect » ΔáœÎ»áœ±ÎČΔÎčα, terme du vocabulaire religieux indique Ă la fois la crainte des dieux, la rĂ©serve, la rĂ©vĂ©rence, le respect et la piĂ©tĂ© envers eux, comme le dit Plutarque voir Numa 22. 88Le silence ÎčÎłáœ” est exigĂ© du cĂ©lĂ©brant dans la cĂ©lĂ©bration des mystĂšres paĂŻens Garde le silence, ĂŽ myste ! » Orac. Chald. 132. 89Câest une forme de priĂšre dans le nĂ©oplatonisme Plotin dit quâil faut ĂȘtre unis Ă Dieu, prĂ©sent dans le silence » Enn. V, 8 [13] 11, 5-6 et Proclus que câest par le silence quâil faut cĂ©lĂ©brer lâineffabilitĂ© de lâUn et sa causalitĂ© sans cause, supĂ©rieure Ă toutes les causes » Theol. plat. II, 9 [58, 23-24]. Car lâUn est plus ineffable que tout silence » Theol. plat. II, 11 [65, 13]. Comment, en effet lâĂąme pourrait-elle sâunir au plus ineffable de tous les ĂȘtres autrement quâen faisant taire en elle-mĂȘme toute parole inutile ? » Trois Ă©tudes sur la Providence, III, 54, 17-19. 90De mĂȘme selon Damascius Celui-lĂ [lâIndicible], câest par un silence parfait quâil faut lâhonorer, et dâabord mĂȘme par une inconnaissance parfaite, celle qui tient toute connaissance pour indigne » De prim. princ., t. I, 5. Enfin Porphyre dit, dans le De abstinentia II, 34, quâil faut prier par le silence pur » ÎŽÎčᜰ ÎčÎłáż ÎșαΞαÏ៶. 91Pour Denys lâArĂ©opagite, plusieurs termes disent lâau-delĂ de la parole le silence ÎčγΟ, lâabsence de parole áŒÎ»ÎżÎłÎŻÎ± ou de voix áŒÏÎœÎŻÎ± et lâIneffable áŒÏΞÎÎłÎșÎż. 92Il y a diffĂ©rents silences chez Denys 1 le silence ÎčγΟ comme respect » devant les rĂ©alitĂ©s ineffables, 2 le silence comme absence de la parole áŒÎ»ÎżÎłÎŻÎ± et 3 lâunion sans parole avec lâIneffable áŒÏΞÎÎłÎșÎż, 4 dans la TĂ©nĂšbre plus que lumineuse du silence initiateur du secret » ᜠáœÏáœłÏ-ÏÎż áż ÎșÏÏ ÏÎčÎżÎŒáœ»ÎżÏ ÎčÎłáż ÎłÎœáœčÏÎż MT I, 1, 997 B. Le silence comme respect sacrĂ© » du secret de la DĂ©itĂ© 93Le silence est dit chaste » ou sage » ÏÏÏÎżÎœ car il ne cherche pas Ă pĂ©nĂ©trer le secret au-delĂ de lâintellect » ᜞ áœÏáœČÏ ÎœÎżáżŠÎœ. Denys se tait devant les rĂ©alitĂ©s qui le dĂ©passent. Ce sont les derniers mots de la HiĂ©rachie cĂ©leste Nous avons souci tout ensemble de maintenir notre propos dans de justes proportions et dâhonorer par notre silence le secret qui nous dĂ©passe Îșα᜶ ᜎΜ áœÏáœČÏ áŒĄÎŒáŸ¶ ÎșÏÏ ÏÎčηα ÎčÎłáż ÎčÎŒÎźÎ±ÎœÎ” » CH 340 B. 94Dans ce texte de la HiĂ©rarchie cĂ©leste, comme dans le prĂ©cĂ©dent des Noms divins, le silence honore » ÎčΌΠle secret » divin. 95Non seulement lâhomme, mais aussi lâAnge se taisent devant lâIneffable. 96Lâange, dit Denys dans le chapitre des Noms divins sur le mal, fait resplendir sans mĂ©lange en lui-mĂȘme, autant que possible, la bontĂ© du silence du Sanctuaire inaccessible ᜎΜ áŒÎłÎ±ÎžÎ·Î± áż áŒÎœ áŒÎŽÏÎżÎč Îčγῠ» DN IV, 22, 724 B. 97Il faut se tourner vers la ThĂ©ologie mystique pour dĂ©couvrir le silence Ă la fois comme terme de la remontĂ©e vers Dieu et comme attribut de la TĂ©nĂšbre elle-mĂȘme qui est nommĂ©e TĂ©nĂšbre lumineuse du silence ». Le silence comme absence de la parole áŒÎ»ÎżÎłÎŻÎ± 98Dans le troisiĂšme chapitre de la ThĂ©ologie mystique, Denys oppose lâabondance ÏÎżÎ»Ï Î»ÎżÎłÎŻÎ± du discours symbolique Ă la briĂšvetĂ© du discours ÎČÏαÏÏ Î»ÎżÎłÎŻÎ± intellectuel et enfin Ă lâabsence de parole áŒÎ»ÎżÎłÎŻÎ± de lâunion mystique Montant dâen bas vers ce qui est au-dessus, selon la mesure de sa remontĂ©e, il se restreint et, Ă la fin de toute la remontĂ©e, il perdra tout Ă fait la voix et sâunira complĂštement Ă lâIneffable » MT III, 1033 A-C. 99Lâascension mystique se double dâune diminution et, Ă la fin de la montĂ©e, dâune perte totale de la parole. Câest aphone » que MoĂŻse arrive au sommet du SinaĂŻ. Lâunion avec lâIneffable áŒÏΞÎÎłÎșÎż 100Dans la ThĂ©ologie mystique, Dieu est nommĂ© Ă la fois lâIneffable » MT 1033 C et Celui qui est totalement inconnu ᜠÏαΜΔλ áŒÎłÎœÎż » MT 1001 A. 101Il y a comme un traitĂ© des noms divins nĂ©gatifs, qui est la reprise des noms de Dieu du traitĂ© des Noms divins, mais sur le mode nĂ©gatif. En face de ces noms divins nĂ©gatifs, Denys note une sĂ©rie dâattitudes nĂ©gatives qui sont requises pour lâentrĂ©e dans la TĂ©nĂšbre de lâinconnaissance et la rencontre avec le Dieu ineffable et inconnaissable la privation dâintelligibilitĂ© áŒÎœÎżÎ·ÎŻÎ± devant le Dieu inintelligible áŒÎœÎżÏ , la privation ou lâabsence de parole áŒÎ»ÎżÎłÎŻÎ± devant le Dieu indicible áŒÎ»ÎżÎłÎż, le fait de se taire ou le mutisme áŒÏÎžÎ”ÎłÎŸÎŻÎ± devant le Dieu silencieux ou muet áŒÏΞΔγÎșÎż, la cĂ©citĂ© áŒÎČλΔÏία devant le Dieu invisible áŒÏαο, et enfin lâinconnaissance áŒÎłÎœÎŻÎ± devant le Dieu inconnaissable áŒÎłÎœÎż. 102Dieu pourra ĂȘtre dit Silence ÎčγΟ, Repos áŒĄÏ Ïία, IneffabilitĂ© áŒÏΞΔγ-ÎŸÎŻÎ±. Il Ă©chappe Ă toute vision et Ă tout contact comme Ă toute connaissance. Câest pourquoi le mystique, pour le connaĂźtre, doit procĂ©der Ă une ligature » de toutes les opĂ©rations des sens et de lâintelligence suspension de toute connaissance ou absence de toute activitĂ© intellectuelle áŒÎœÎ”ΜΔÏγηία, fermeture de la bouche áŒÏÎžÎ”ÎłÎŸÎŻÎ±, fermeture des yeux áŒÎČλΔÏία, absence de vision et de connaissance áŒÎłÎœÎŻÎ±. 103Et de mĂȘme que Dieu demeure inconnaissable en lui-mĂȘme, lâunion Ă Dieu se fait selon un mode inconnaissable. Comme le couple dâadjectifs ineffable et inconnaissable áŒÏΞΔγÎșÎż Îșα᜶ áŒÎłÎœÎż qualifie le mystĂšre divin, le couple dâadverbes correspondants áŒÏΞÎÎłÎș Îșα᜶ áŒÎłÎœÏ qualifie le mode de lâunion Ă Ce qui est ineffable et inconnaissable » Nous sommes unis, dâune maniĂšre ineffable et inconnaissable, Ă ce qui est ineffable et inconnaissable » DN 585 B. Aussi bien les unions ineffables et inconnaissables » áŒÏÏηοί Δ Îșα᜶ áŒÎłÎœÎżÎč DN 593 C des anges que celles des intellects humains se font sous un mode inconnaissable. 104Le dernier silence que mentionne Denys, dans la ThĂ©ologie mystique, est celui de la TĂ©nĂšbre elle-mĂȘme quâil nomme TĂ©nĂšbre lumineuse du silence ». La TĂ©nĂšbre lumineuse du silence » et lâIneffable 105La ThĂ©ologie mystique commence par une priĂšre Ă la TrinitĂ© TrinitĂ© suressentielle, plus que divine et plus que bonnne, toi qui veilles sur la divine sagesse des chrĂ©tiens, dirige-nous vers la plus haute cime plus quâinconnaissable et plus que lumineuse des Oracles mystiques, lĂ oĂč les mystĂšres simples, absolus et immuables de la thĂ©ologie ont Ă©tĂ© ensevelis dans la TĂ©nĂšbre plus que lumineuse du silence initiateur du secret, faisant surĂ©tinceler dans lâobscuritĂ© la plus profonde la lumiĂšre la plus Ă©clatante et, dans ce qui est complĂštement impalpable et invisible, emplissant outre mesure de splendeurs de toute beautĂ© les intellects aux yeux clos MT I, 1, 997 B. La TĂ©nĂšbre plus que lumineuse du silence initiateur du secret » 106DĂ©jĂ GrĂ©goire de Nysse, dans la Vie de MoĂŻse V. M. II, 163, nomme la TĂ©nĂšbre TĂ©nĂšbre lumineuse » λαΌÏÏ᜞ ÎłÎœÏÎż, mais il nâassocie pas, comme Denys, la lumiĂšre au silence. Chez GrĂ©goire, il sâagit dâun oxymoron, dâune opposition de deux contraires la lumiĂšre et la tĂ©nĂšbre, chez Denys, de la voie dâĂ©minence la TĂ©nĂšbre est dite TĂ©nĂšbre » parce quâelle est qualifiĂ©e superlativement comme plus que lumineuse » et cela correspond Ă la dĂ©finition quâil en donne dans la Lettre V, en prĂ©sentant la TĂ©nĂšbre comme lumiĂšre inaccessible » 1073 A, selon la doxologie de 1 Tm 6, 16 Dieu qui seul possĂšde lâimmortalitĂ©, qui habite une lumiĂšre inaccessible, que nul homme nâa vu ni ne peut voir ». 107Dans la fin de ce paragraphe, Denys poursuit la mĂ©taphore lumineuse, mais il donne la raison de ce silence » devant les mystĂšres simples de la thĂ©ologie » et la TĂ©nĂšbre du silence ». Le simple » et lâimmuable » ne peuvent ĂȘtre dits par un discours, et la thĂ©ologie des mystĂšres » est un ensevelissement » dans la TĂ©nĂšbre qui repose sur la cime des Oracles mystiques », comme sur le sommet du SinaĂŻ. 108Toute la thĂ©ologie » est un discours, un logos, qui est fondĂ© sur la Parole de Dieu, ce quâil nomme les Oracles mystiques », et la Sagesse de cette connaissance chap. VII est la Sagesse des chrĂ©tiens ». Cependant la thĂ©ologie mystique », comme le dit Denys Ă la fin de ce petit traitĂ©, sâachĂšve dans lâunio mystica qui est au-delĂ de toute parole, de la thĂ©ologie affirmative comme de la thĂ©ologie nĂ©gative, car ce sont encore des discours », alors quâelle est au-delĂ de la parole. 109Lâunio mystica nâest plus de lâordre du discours câest un contact » ÎžÎŻÎŸÎč, un toucher » áŒÏαÏÎź ou une intuition » áŒÏÎčÎČολΟ avec la TĂ©nĂšbre plus que lumineuse du silence » qui suppose un renoncement au voir et Ă lâentendre. Car la diffĂ©rence entre les nĂ©oplatoniciens paĂŻens et chrĂ©tiens, câest quâil nây a pas de tĂ©nĂšbre » chez les premiers. LâĆil qui contemple le Bien-Soleil est Ă©bloui et, dans cet Ă©blouissement, devient lui-mĂȘme lumiĂšre dans les EnnĂ©ades de Plotin Enn. VI, 9, alors que, pour GrĂ©goire de Nysse, dans la Vie de MoĂŻse, câest le non-voir qui est un voir » et que, pour Denys lâArĂ©opagite, MoĂŻse ou celui qui entre dans la TĂ©nĂšbre de lâinconnaissance » ferme les yeux » ou nâa plus dâyeux » áŒÏÎżÎŒÏΔÎč et nâa plus de voix » ou devient aphone ». Fermer les yeux 110Je ne rĂ©siste pas au plaisir de citer Plotin qui donne comme exemple de la fermeture des yeux ce passage de lâOdyssĂ©e oĂč Ulysse ferme les yeux devant la beautĂ© de CircĂ© pour Ă©chapper Ă son envoĂ»tement et sâenfuir vers la BeautĂ© essentielle. 111Plotin, compare Ulysse, qui ne consentit pas Ă rester auprĂšs de CircĂ© la magicienne et de Calypso malgrĂ© les plaisirs des yeux et toutes les beautĂ©s sensibles quâil y trouvait », au philosophe qui abandonne la vision des yeux et lâĂ©clat des corps quâil admirait auparavant pour sâenfuir vers cette beautĂ© dont ils sont les images », et il dĂ©clare que, pour effectuer cette fuite » et ce voyage », il faut cesser de regarder et, comme en fermant les yeux Όᜎ ÎČÎ»áœłÏΔÎčΜ, Ă©changer cette maniĂšre de voir pour une autre » Enn. I, 6 [1] 1, 8. 112Câest bien cette fermeture des yeux pour contempler lâinvisible que Denys mentionne, lorsque lâĂąme devenant dĂ©iforme, grĂące Ă lâunion inconnaissable, sâĂ©lance, en des Ă©lans aveugles αῠáŒÎœÎżÎŒÎŒáœ±ÎżÎč áŒÏÎčÎČολαῠvers les rayons de la lumiĂšre inaccessible » DN IV, 11, 708 D. Il faut non seulement fermer les yeux, mais ĂȘtre aveugle » et sâĂ©lancer vers la lumiĂšre inaccessible par des Ă©lans aveugles ». Câest pourquoi la tradition mystique postĂ©rieure parlera de mort mystique » pour dĂ©signer lâĂ©tat du mystique dans lâunion mystique. Mais alors que celui qui entre dans la TĂ©nĂšbre est aveuglĂ©, la TĂ©nĂšbre elle-mĂȘme est plus que lumineuse » et le silence » qui lâhabite est lui-mĂȘme lumineux. Conclusion La louange et le silence 113Parler dâune hymnologie des noms divins » câest donner une dimension liturgique Ă un traitĂ© thĂ©ologique. Il ne sâagit pas seulement dâexpliquer les noms divins, mais de louer Dieu Ă travers cette litanie de noms. Câest pourquoi le traitĂ© commence par une priĂšre Ă la TrinitĂ© qui est Principe du Bien et au-dessus du Bien » DN III, 1, 680 B. 114Il y a un ordre dans lâexposition des noms divins qui va du Bien Ă lâUn du Bien chap. IV, qui Ă©tend sa bontĂ© Ă tous les Ă©tants », comme le soleil illumine tout ce qui existe, jusquâĂ lâUn chap. XIII qui rassemble tout dans son unitĂ©. 115Il y a un Ă©galement un cercle perpĂ©tuel qui va du Bien au Bien DN IV, 14, 712 C et ce cercle est celui de lâAmour divin qui se montre, de maniĂšre singuliĂšre, sans fin ni principe, comme un cercle perpĂ©tuel qui, Ă cause du Bien, Ă partir du Bien, dans le Bien et vers le Bien, parcourt une orbite impeccable ; et, dans le mĂȘme et selon le mĂȘme, ne cesse de procĂ©der, de demeurer et de revenir au mĂȘme point » DN IV, 14, 712 D-713 A. 116LâĂ©ros est au cĆur des Noms divins et câest son maĂźtre HiĂ©rothĂ©e qui a initiĂ© » Denys Ă son mystĂšre par ses Hymnes sur lâamour. 117Cependant lâunion Ă Dieu qui est inconnaissable est une union au-dessus de lâintellect » et lorsque MoĂŻse entre dans la TĂ©nĂšbre divine, il est aveugle et muet. 118Le silence devant lâIneffable est la fin de cette initiation. Le silence est lâabsence de parole áŒÎ»ÎżÎłáœ·Î± devant Celui qui est au-delĂ de toute parole, mais aussi dans lâunion Ă Celui qui se dĂ©couvre comme Ineffable áŒÏÎžáœłÎłÎż. Il y a un dĂ©passement du langage lui-mĂȘme car Celui dont on parle nâest pas seulement Celui qui est Ineffable, mais Celui auquel on sâunit dans la nomination mĂȘme. 119Les philosophes nĂ©oplatoniciens parlent de contact » ; ainsi Proclus, dans la ThĂ©ologie platonicienne, recommande de laisser derriĂšre soi tout ce qui vient aprĂšs lâUn, [et de] sâĂ©tablir au contact de cet indicible et de cet au-delĂ de tout ce qui existe Ï Îœáœ±ÏΔΞαÎč áŒÏÏ᜔ Îșα᜶ ÏᜱΜΜ áŒÏáœłÎșΔÎčΜα Μ áœÎœÎœ » Theol. plat. I, 3 [16, 23-24]. Câest ce mĂȘme verbe ᜻ΜαÏ, attacher ensemble » ou unir », que Denys reprend pour dire que nous sommes unis Ï ÎœÎ±ÏáœčΌΔΞα, dâune maniĂšre ineffable et inconnaissable, Ă ce qui est ineffable et inconnaissable, selon lâunion qui est supĂ©rieure Ă notre puissance et activitĂ© intellectuelle » DN I, 1, 588 A. 120Ce qui est dit sur Dieu, ce sont les noms divins ; ce qui est cherchĂ©, câest lâunion qui est supĂ©rieure Ă notre puissance et activitĂ© intellectuelle » avec Celui dont on parle. 121Lâunion elle-mĂȘme est au-delĂ de toute parole la thĂ©ologie, quâelle soit affirmative ou nĂ©gative, est encore un discours ; dans lâunion, il nây a plus de discours, plus de thĂ©o-logie. Le silence marque la limite du langage thĂ©ologique qui parle sur Dieu, alors que lâunion Ă Dieu est une entrĂ©e en Dieu, analogue Ă lâentrĂ©e de MoĂŻse dans la TĂ©nĂšbre. LâactualitĂ© de Denys lâArĂ©opagite 122Je voudrais terminer par une ouverture sur lâactualitĂ© de Denys. 123La grande actualitĂ© de Denys est lâimportance de la thĂ©ologie nĂ©gative, non seulement dans la philosophie moderne, mais Ă©galement dans le dialogue avec les religions. 124LâactualitĂ© de Denys lâArĂ©opagite dans le dialogue avec les religions a Ă©tĂ© soulignĂ©e par le pape BenoĂźt XVI, dans une catĂ©chĂšse du 14 mai 2008, Ă Rome, citĂ©e par Beate Regina Suchla 3 B. R. Suchla, Dionysius Areopagita. Leben â Werk â Wirkung, Freiburg i. B., Herder, 2008, p. 259. Aujourdâhui il y a une nouvelle actualitĂ© de Denys lâArĂ©opagite il nous apparaĂźt comme le grand mĂ©diateur dans le dialogue moderne entre la chrĂ©tientĂ© et la thĂ©ologie mystique de lâAsie, dont la caractĂ©ristique repose dans la conviction que lâon ne peut pas dire ce quâest Dieu de lui on peut seulement parler dâune maniĂšre nĂ©gative, de Dieu on peut seulement parler avec le ne pas ». Et seulement lorsquâon entre dans cette expĂ©rience du rien », on peut lâatteindre. Et câest lĂ quâil y a une proximitĂ© entre la pensĂ©e de lâArĂ©opagite et certaines des religions asiatiques. Il peut ĂȘtre aujourdâhui un mĂ©diateur, comme il lâĂ©tait entre lâesprit grec et lâ 4 Voir J. Monchanin, Apophatisme et ApavÄda », Mystique de lâInde, mystĂšre chrĂ©tien HermĂšs 19, P ... 125Denys est mĂ©diateur » entre les penseurs de lâAsie et du christianisme, comme Jules Monchanin en Inde4. 126Enfin il y a une actualitĂ© de Denys dans la philosophie moderne. 5 Article Ă paraĂźtre dans J. Rivera â J. OâLeary Ă©d., Routledge Handbook to Theology and Phenome ... 127Dans un article Ă paraĂźtre sur la place de Denys dans la PhĂ©nomĂ©nologie5 », jâai retenu trois auteurs Ădith Stein, Jean-Luc Marion et Jacques Derrida. 128Ădith Stein a Ă©tudiĂ© la thĂ©ologie symbolique de Denys lâArĂ©opagite, pour prĂ©parer son livre sur Jean de la Croix. 129Jean-Luc Marion et Jacques Derrida se sont surtout intĂ©ressĂ©s Ă la thĂ©ologie nĂ©gative. Marion, dans De SurcroĂźt, distingue la nĂ©gation et la dĂ©nĂ©gation », mais il parle aussi, dans Dieu sans lâĂȘtre, du silence et de la priĂšre. 130Jacques Derrida, dans son livre DiffĂ©rance 1968, met en relation, dâune maniĂšre paradoxale, la diffĂ©rance » et la thĂ©ologie nĂ©gative. Dans Sauf le nom, il se demande si lâapophase incline Ă lâathĂ©isme », ou si elle tĂ©moigne du plus insatiable dĂ©sir de Dieu », et il cite le PĂšlerin chĂ©rubinique dâAngelius Silesius lecteur de Tauler, de Ruysbroeck, de Boehme et surtout dâEckhart qui emploie la mĂ©taphore du dĂ©sert On doit aller au-delĂ de Dieu [âŠ] OĂč dois-je aller ? Je dois tendre au dĂ©sert au-delĂ de Dieu PĂšlerin chĂ©rubinique I, 7. 131Quâen est-il de lâactualitĂ© de la thĂ©ologie mystique ? 132Vladimir Lossky, philosophe et thĂ©ologien orthodoxe, dans son livre Essai sur la thĂ©ologie mystique de lâĂglise dâOrient, prend comme modĂšle la ThĂ©ologie mystique de Denys, en insistant Ă©galement sur la thĂ©ologie nĂ©gative, alors que Denys est critiquĂ© par des penseurs catholiques comme nâayant pas dâexpĂ©rience mystique » ! Mais Denys ne parle pas de lui-mĂȘme. 133Peu dâauteurs sâintĂ©ressent Ă lâunion au-delĂ de lâintellect », qui se fait dans le silence. Ce nâest plus la question de lâunio mystica qui est centrale, mais celle du langage, ou plutĂŽt le langage ne conduit plus vers lâunion avec lâInnommable quâil nomme, au-delĂ mĂȘme du langage, dans le silence.
Lesparoles valorisantes constituent le premier langage de lâamour. Au sein dâun couple, tout comme dans toute relation sociale, se soutenir par des paroles douces est un acte capital. Les compliments sont de puissants communicateurs dâamour. Quâest-ce quâune parole valorisante ? Nous parlons ici de compliments directs ou indirects (propos rapportĂ©s, propos Jâai lâimpression quâon ne parle pas la mĂȘme langue ! » . Sans Ă©quivoque, cette phrase est lâune de celles que jâentends le plus en sĂ©ance ! Et je ne parle pas de couples biculturels, qui sâexpriment chacun dans une langue maternelle diffĂ©rente. Pourquoi avons-nous parfois lâimpression de ne pas nous comprendre en amour ? De quelles maniĂšres, exprimez-vous votre amour dans votre vie de couple ? Parlez-vous les mĂȘmes langages de lâamour que votre amoureux ? DĂ©couvrons ensemble ce concept. Les 5 langages de lâamour vu par Gary Chapman Gary Chapman est lâauteur du bestseller » Les langages de lâamour ». Selon son concept, la sincĂ©ritĂ© des sentiments ne suffit pas pour pĂ©renniser la relation amoureuse. Pour dĂ©couvrir le secret des couples qui durent au-delĂ de la phase du coup de foudre, il est nĂ©cessaire dâapprendre Ă se comprendre lâun et lâautre. Sur le papier, la tĂąche semble aisĂ©e un couple, ce sont deux ĂȘtres humains, qui communiquent dans le quotidien, ils ont la mĂȘme langue maternelle ou ils ont trouvĂ© une langue commune de communication. Sâils communiquent au quotidien, dans leur vie amoureuse, ils devraient se comprendre ! Oui, mais voilĂ , lorsquâon parle dâamour, de preuves dâamour, de besoins amoureux, la tĂąche se complique dâun coup. Ainsi, ce qui est important Ă vos yeux, ce qui constitue une preuve dâamour pour vous, peut ĂȘtre totalement insignifiant pour votre conjoint. Ce dernier sera par consĂ©quent en demande dâamour constante. Lâ amour que vous lui donnez nâest pas exprimĂ© dans un langage amoureux quâil comprend. Comment faire alors ? Il faut apprendre le langage amoureux de votre moitiĂ©. Quâest-ce qui est important pour elle et pour lui ? Gary Chapman dĂ©crit 5 formes de langages de lâamour les paroles valorisantes, les cadeaux, les services rendus, les moments de qualitĂ© et le toucher physique. Il sâagit lĂ dâune langue que lâon nomme une langue Ă©motionnelle. Comprendre le langage amoureux de lâautre pour remplir le rĂ©servoir dâamour Vous avez peut-ĂȘtre dĂ©jĂ entendu parlĂ© du rĂ©servoir dâamour pour les enfants ? Il sâagit dâune mĂ©taphore pour expliquer que notre besoin dâattention doit ĂȘtre nourri et rempli comme un rĂ©servoir, comme un seau par exemple. Et pour ce concept, nous restons toute notre vie des enfants nous nous sentons bien, notre amour de soi est nourri lorsque ce rĂ©servoir dâamour est rempli. Nous avons confiance en nous lorsque notre seau est plein. Nous sommes valeureux, nous nous sentons capables de rĂ©aliser de grandes choses, si seulement notre jauge dâamour est proche du maximum. Ătymologiquement, savez-vous que le mot courage dĂ©rive justement du mot cĆur ? Un signe de lâimportance de nourrir nos cĆurs nâest-ce pas ?Ă chaque fois que nous nous sentons aimĂ©, apprĂ©ciĂ© ou reconnu, le niveau de remplissage augmente. Ceci est rĂ©alisable lorsque les langages dâamour sâaccordent dans notre relation de couple. Les paroles valorisantes Les paroles valorisantes constituent le premier langage de lâamour. Au sein dâun couple, tout comme dans toute relation sociale, se soutenir par des paroles douces est un acte capital. Les compliments sont de puissants communicateurs dâamour. Quâest-ce quâune parole valorisante ? Nous parlons ici de compliments directs ou indirects propos rapportĂ©s, propos dits Ă son entourage de type » tu es trĂšs Ă©lĂ©gante » » jâapprĂ©cie quand tu fais ça, etc., de paroles encourageantes, et de paroles humbles. Le ton de la voix est aussi important que les mots employĂ©s. Pour prendre conscience de lâimportance des paroles valorisantes pour prouver votre amour, je vous invite Ă faire un compliment par jour pendant 1 mois, et de revenir me dire en commentaires ce que vous avez observĂ© en vous et pour votre Les cadeaux Pour certaines personnes, les cadeaux sont des belles preuves dâamour. Dâaucuns affirment ne pas se sentir matĂ©rialistes les cadeaux nâont pas plus de sens que ça dans leur vie. Vivre son couple sans cadeau matĂ©rialiste est leur credo. Cependant, par le terme cadeau, on Ă©voque lâattention que lâon porte Ă lâĂ©lu de son cĆur pendant toute la durĂ©e du processus du cadeau y penser, chercher lâattention exacte qui fera plaisir, le cadeau par lui-mĂȘme et le moment choisi pour lâoffrir. Le prix du cadeau importe peu, lâaffection est au centre du processus. Nous avons tendance Ă offrir des cadeaux Ă dates fixes la Saint Valentin, anniversaire, NoĂ«l etc., parfois plus par obligation que par attention particuliĂšre et câest dommage. Pour redĂ©couvrir le pouvoir des cadeaux, je vous invite Ă pratiquer ce langage de lâamour pendant une semaine et Ă offrir des petits cadeaux Ă votre partenaire. Venez ensuite partager ce que ces offrandes ont gĂ©nĂ©rĂ© dans votre relation amoureuse et en vous. Les services rendus La notion de services rendus est une notion trĂšs importante. Selon votre vision du couple, selon votre Ă©ducation, cette notion peut ĂȘtre assez compliquĂ©e Ă mettre en place. Elle nĂ©cessite de sortir des stĂ©rĂ©otypes homme-femme. Si vous rencontrez des difficultĂ©s Ă savoir quel service, vous pouvez rendre Ă votre je vous invite Ă prendre quelques instants pour dresser une liste. Vous pouvez faire appel Ă vos enfants loin des diktats sociĂ©taux, ils auront plĂ©thore dâidĂ©es de petits services Ă vous rendre entre Ă©poux. Les moments de qualitĂ© Les moments passĂ©s ensemble demeurent malheureusement rares de nos jours. Ils constituent pourtant un des langages de lâamour. Pour en dĂ©couvrir lâimportance, je vous invite Ă tenter lâexpĂ©rience et Ă vous asseoir ensemble pendant 20 minutes. 20 minutes Ă vous consacrer lâun Ă lâautre et lâautre ! La proximitĂ© et lâintimitĂ© ne sont pas la mĂȘme chose, nous parlons ici de moment dâintimitĂ©. Il existe plusieurs variantes pour ces moments de qualitĂ©. Nous distinguons ainsi âą les dialogues de qualitĂ© pendant lesquels les partages dâexpĂ©riences, de sentiments et dâavis sont Ă lâhonneurâą les activitĂ©s que lâon pratique ensemble pour recrĂ©er des liens et garnir notre banque de souvenirs. Vous nâavez aucune idĂ©e dâactivitĂ©s Ă partager ? Je vous propose ce petit exercice lister de votre cĂŽtĂ© puis ensemble 5 activitĂ©s que vous avez envie de partager avec votre conjoint. Une activitĂ© ensemble, ce nâest pas forcĂ©ment sâinscrire Ă lâannĂ©e pour pratiquer un sport ! Se promener, dĂ©couvrir ce chĂąteau dont vous avez toujours rĂȘvĂ© prĂšs de chez vous, ou dĂ©couvrir ce nouveau food truck qui vient de sâinstaller ! Le toucher physique Le cinquiĂšme et dernier langage de lâamour est le toucher physique. Le toucher physique regroupe plusieurs types de touchers de la tendresse Ă la sexualitĂ©. Se tenir la main, se prendre dans les bras, poser la main sur lâĂ©paule, faire lâamour, etc reprĂ©sentent diffĂ©rents aspects du toucher et mĂšnent Ă une complicitĂ© Ă©panouie. Ce toucher physique est primordial pour nos vies. Nous avons en effet, sur lâensemble de notre corps, de trĂšs nombreux capteurs sensoriels. Chaque geste amoureux, chaque effleurement, chaque toucher lĂ©ger ou appuyĂ© vont les activer et gĂ©nĂ©rer une Ă©motion positive. Il est donc important de partager avec son partenaire, de lâobserver et de le questionner pour identifier les formes de toucher quâil des crises de couple, le toucher sâavĂšre le premier Ă©lĂ©ment de la vie amoureuse Ă ĂȘtre mis de cĂŽtĂ©. Il reprĂ©sente un baromĂštre. Comment faire quand ce toucher commence Ă disparaĂźtre ? Je vous invite alors Ă rĂ©apprendre Ă vous tenir la main, Ă rĂ©apprendre Ă accueillir lâautre dâune maniĂšre physique en le touchant lorsquâil rentre le soir ou lorsque vous rentrez Ă la maison. Dans votre activitĂ© sexuelle, je vous invite Ă initier des massages et Ă remettre le toucher au centre de votre vie. Comment identifier son ou ses langages de lâamour ? DĂ©couvrir votre principal langage de lâamour et celui de votre conjoint est trĂšs important pour remplir votre rĂ©servoir Ă©motionnel de maniĂšre rĂ©guliĂšre. Pour lâidentifier, je vous propose de rĂ©pondre aux questions suivantes âą Que fait mon partenaire qui mâaffecte ? âą Quâoublie-t-il de faire qui mâattriste ? âą Comment jâexprime mon amour ?âą Comment jâapprĂ©cie que mon homme ou ma femme mâexprime le sien ? Ă trĂšs bientĂŽt, CĂ©line Domecq- ĐáĐżŃĐ°áš ÎŒŃĐœá
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