LaGuyane. Deux voyages. Un film de Yanawana Pierre, Umti les origines ( 2018) et un livre d'Albert Londres, Au Bagne (1923). Les visions se croisent. Mais ne pourront jamais se rencontrer. Pourtan
Pour ses voyages à bord de la Liberté, vieille embarcation manoeuvrée par des fonctionnaires piroguiers de l'ethnie aloukou, monsieur le sous-préfet de Saint-Laurent-du-Maroni s'est constitué un unifo...Pour ses voyages à bord de la Liberté, vieille embarcation manoeuvrée par des fonctionnaires piroguiers de l'ethnie aloukou, monsieur le sous-préfet de Saint-Laurent-du-Maroni s'est constitué un uniforme des Pataugas, parfois remplacées par des tongs, un ample pantalon treillis, une saharienne et un chapeau, ensemble beige ou vert camouflage sous lequel percent les couleurs vives de quelque T-shirt. Le maillot de bain, pour les instants de détente ou les ablutions dans le fleuve, et le hamac avec moustiquaire, pour le couchage, font également partie du paquetage réglementaire, quand François Chauvin emmène les responsables de l'administration vérifier la portée du message républicain et la force des services publics à la française dans ce coin perdu, atrocement humide et chaud, de la forêt les cartes, les quelque 650 km du Maroni servent de frontière entre l'Europe et le Surinam. Dans la réalité, ce fleuve est un lieu de passages et d'échanges entre les populations amérindiennes ou d'origines africaines, les Bushinegues – les Noirs des forêts» – installées sur l'une ou l'autre rive. Ici, dans le Far West guyanais, on ne subsiste que par la grâce de ces tumultueuses eaux marronnasses». Loin de tous, on y pêche et on y cherche illégalement de l'or, et à l'entrée des villages on y nettoie le linge, les aliments, on s'y lave et on y défèque. Sur ces mêmes flots, entre les bancs de graviers et d'imposantes roches sombres que seuls les Bushinegues savent éviter, sont acheminés nourriture, essence, biens de consommations, matériaux de construction, voitures, camions... Incroyable ce que ces pirogues de bois, parfois liées entre elles, peuvent transporter ! Tout, elles transportent vraiment tout, puisqu'il faut tout acheminer pour vivre ici, ou seulement survivre !Au côté du sous-préfet et de son secrétaire général, ont pris place un responsable de l'Équipement, un commandant de la gendarmerie et un lieutenant colonel de l'armée. Une équipe du rectorat, sous l'autorité de son patron venu de Cayenne, est montée dans sa propre pirogue. Le rendez-vous a été pris à Maripassoula, bourg qui possède un petit aérodrome et où il est convenu de revenir, avant de descendre le fleuve jusqu'à le soleil d'été de cette fin octobre, les deux pirogues commencent, sous pavillon tricolore, leur fluide progression dans la zone d'accès réglementée», cette vaste région amérindienne que nul étranger n'est censé pénétrer sans autorisation. Après deux heures de navigation au milieu de la forêt, le sous-préfet aperçoit avec satisfaction que le drapeau français flotte à Twenke, au-dessus du carbet du chef coutumier du peuple wayana. Il est reconnu par la République et la République lui permet d'être reconnu de tous.» Cette formule prononcée, François Chauvin présente ses salutations respectueuses au Gran man, qui fut un jour reçu à l'Élysée – Jacques Chirac, le défenseur des peuples premiers, veille avec autant de soin sur ses» Indiens que sur ses» jour-là le Gran man chausse deux tongs du pied droit. Ses propos sont traduits par un plus jeune, vêtu d'un T-shirt tendance» à Paris, qui est allé à l'école. L'éducation, voilà bien la grande affaire. Le Gran man comme son frère, qui dirige en face le village de Taluen, comme tous les chefs des hameaux amérindiens qui seront ultérieurement sur la route fluviale du sous-préfet affirment, dans leur langue, le même souhait que les enfants apprennent le plus tôt possible le français, et qu'ils puissent éventuellement poursuivre leurs études au évidemment, ne saurait faire plus plaisir au recteur Jean-Michel Blanquer, homme déterminé, qui porte partout la bonne parole. L'école, martèle-t-il, c'est la liberté pour l'enfant de mener une vie active» devenu adulte ; c'est l'égalité des chances» entre tous les Guyanais réunis, quelle que soit leur culture d'origine, par la fraternité permettant à tous de vivre ensemble». Las ! Les constructions scolaires et les logements des enseignants sont rarement livrés à temps ; de même les instituteurs manquent-ils régulièrement à l'appel – 18 postes n'ont pas été pourvus à la dernière rentrée sur le fleuve –, les Guyanais ne voulant pas quitter Cayenne pour des villages isolés où l'eau et l'électricité n'arrivent que de manière aléatoire. Il n'y a guère que les jeunes métropolitains, attirés par l'aventure ou profitant du moindre niveau de qualification requis ici, pour s'en venir, souvent en couple, le long du quel résultat ? Les enfants sont adorables et heureux, mais ils découvrent le français quand ils arrivent à l'école, au mieux vers cinq ans, ou au CP ; en CM1-CM2, ils commencent à le parler. Avec les maths ce serait plus facile, mais il y a des problèmes d'énoncés et de consignes.» Ces observations, dressées par Vincent et Émilie, instituteurs à Taluen, sont reprises par tous leurs collègues le long du fleuve, y compris en pays on n'est pas là pour imposer un modèle !»,réplique néanmoins au sous-préfet une institutrice du syndicat SUD, récemment les Amérindiens, ces appréciations s'accompagnent en outre d'un sentiment de culpabilité, hérité de la colonisation. A Antecumpata, le choc des civilisations en devient risible. Créé dans les années 60 par un métropolitain amoureux des Indiens, ce phalanstère se trouve doté, par le travail d'un compagnon charpentier de passage, de belles habitations en bois, d'un style indéfinissable, sauf à imaginer un chic club de vacances respectueux de la nature. Une petite centrale électrique, marchant à l'essence, fournit de l'électricité jusqu'à l'extinction des feux, à 22 heures. Grâce aux antennes, il y a deux ans, les Indiens ont découvert la télévision. Il y a six mois, Internet. Après sept années dans ce village, la directrice de l'école commence, elle, à évoquer son départ. Elle s'inquiète pour l'avenir de son fils aîné, qui est à l'âge du collège. Son mari, Kalanki, dont elle a une petite fille, a reçu son décret de naturalisation en juin dernier, et il est devenu un exemple pour tous les jeunes Indiens qui veulent désormais être français. Sans papiers, on ne peut pas aller à Cayenne, on ne peut pas passer le brevet, on ne peut pas toucher le RMI», explique Kalanki. Les vieux, eux, paraissent vivre ailleurs, dans leur monde. Qu'ils soient indiens, ou métropolitains, comme Olivier, dentiste des Hautes-Alpes à la retraite qui, quatre mois par an, s'en vient opérer dans le dispensaire livré en son absence aux fièvres paludiques. Heureux Olivier, qui ne porte plus que le kalimbe le pagne rouge, et qui trouve très agréable de travailler sans demander aux gens de payer»...Retour à Maripassoula. Comme tous les métropolitains, Chérif et Arnaud, qui viennent d'être embauchés au collège de la plus vaste commune de France, cherchent à tromper l'ennui Chez Dédé», l'unique gargotte-épicerie de ce bourg poussiéreux sous le soleil, boueux sous la pluie, et plus glauque encore la nuit. Il n'a pas passé deux mois ici, mais déjà Chérif prie pour revenir en ZEP, dans la banlieue parisienne ! On ne peut pas imposer en classe quelque chose qui n'a rien à voir avec la réalité», se lamente ce professeur d'histoire-géographie – et instruction civique, j'y tiens», insiste-t-il – qui a la charge d'inculquer l'Antiquité gréco-romaine ou la citoyenneté européenne à des enfants bushinegues et collégiens, qui s'en viennent parfois de très loin en pirogue, ou qui résident dans des familles d'accueil chez lesquelles ils sont traités à la dure, voire violentés, n'ont pas le niveau de connaissances suffisant pour suivre un programme de l'Éducation nationale. Et puis ils viennent un jour, disparaissent ensuite toute la semaine, pour aider à l'abattis, le lopin déboisé sur lequel on fait pousser du manioc et quelques fruits. De toute façon, renchérit Arnaud, conseiller principal d'éducation, on ne peut pas contacter les parents, la famille d'accueil ne sait pas lire, et souvent je ne sais même pas où habite l'enfant.»Non loin, le sous-préfet et le recteur poursuivent leur visite officielle – mairie, gendarmerie, collège, camp militaire –, pendant que vaquent, sur les pistes ocre du bourg, des clandestins brésiliens et surinamiens, d'autres pauvres erres, des prostituées qui toujours accompagnent les chercheurs d'or et une multitude d'enfants et d'adolescents. Au petit matin, ces gamins, avec leurs T-shirts jaunes en maternelle, rouges au primaire et verts au collège, regagnent la seule organisation sociale porteuse d'espoir à Maripassoula... Le sous-préfet et ses pirogues repartent.Papaïchton, capitale des Bonis», est-il écrit quelques heures plus tard sur le panneau qui accueille les visiteurs venant du fleuve. Les termes Aloukou» ou Boni» qualifient une partie des Bushinegues, ces descendants d'esclaves africains qui, fuyant les plantations hollandaises de l'actuel Surinam, se sont peu à peu enfoncés dans la forêt amazonienne jusqu'à s'installer, à la fin du XVIIIe siècle, sur le Maroni. Lui-même fils d'esclave, le mulâtre Boni Bokilifu céda son nom à ce qui est devenu une ethnie, après des brassages dans les plantations et des combats pour la liberté contre les troupes hollandaises, mais aussi contre les Djukas et les Saramankas, frères ennemis vivant plus au entre les différentes ethnies, la méfiance est aujourd'hui encore de mise, les Bushinegues partagent ce sentiment d'appartenance à un même peuple, habitant d'un côté ou de l'autre du fleuve. Oui, mais tout le monde sait de quel côté sont les droits sociaux», observe le sous-préfet, en longeant les villages boni et djuka, qui offrent, sous un soleil de plomb, des images de l'Afrique des années la nuit finit par surprendre l'équipage. En d'autres visites officielles, le retard pris, faute d'être rattrapé, aurait été ignoré. Mais le Maroni n'est pas une route ordinaire française ! La Liberté a d'abord hésité entre les rochers, puis elle est restée coincée, incapable de franchir le saut qui lui aurait permis de poursuivre sur le plan d'eau en contre bas. Honteux, les piroguiers s'invectivent en taki taki, cette langue forgée dans les plantations, qui malaxe des idiomes anglais et néerlandais. Malgré les baka, baka» criés, la Liberté ne veut pas reculer. Elle est échouée...Il faut que tout le monde se mouille et pousse, le sous-préfet comme les autres, arc-bouté, de l'eau jusqu'aux épaules. Il n'y a aucune aide à espérer. On n'entend que les crapauds buffles. Toute la forêt croasse, narquoise et cruelle. Se débrouiller seul, se dégager de ce milieu hostile, inhumain, puis chercher le plus proche abri – ce sera une école – où se changer, planter son hamac, oublier...Après quatre jours, Saint-Laurent-du-Maroni est finalement rejointe à la nuit sous une pluie battante. A l'embouchure du fleuve, la sous-préfecture charrie et révèle nombre de vérités nées en amont. Cette ville, officiellement de 19 000 âmes, compte, au minimum, 35 000 habitants. Écoles, collèges et lycées explosent sous la pression migratoire et une forte natalité encouragée par les aides sociales. Quelque 13 000 enfants scolarisés à Saint-Laurent, avec un collège mixte de 1 000 son paquetage trempé, le sous-préfet gagne ses pénates, l'ancienne demeure du gouverneur du bagne. Quelques instants plus tard, une coupure d'électricité plonge la ville dans le noir. Dans la forêt, la civilisation vacille sur le A bord de sa pirogue battant pavillon tricolore, le sous-préfet et son équipe visitent la zone d'accès réglementée», cette vaste région amérindienne que nul étranger n'est censé pénétrer sans autorisation. Photo F. Bouchon/ Le Figaro.
Viensen nous ô saint-esprit Tu fais jaillir la vie et la lumière Viens en nous ô saint-esprit Pour qu’éclate un million de couleurs Viens en nous ô saint-esprit La liberté du feu créateur Viens en ► Créer un mémorial numériqueRéunir des photos et des textes en mémoire d’un défunt, recueillir des témoignages et des messages d’amitié, et les partager autant que l’on veut c’est simple, sur Internet. Les sites commémoratifs offrent ces services, parfois gratuitement. Ils en proposent d’autres, traditionnels, comme l’entretien et le fleurissement de la tombe. Plus actuelle, la pose sur celle-ci d’un QR code. Flashé à partir d’un téléphone mobile, ce code permet de voir les photos et les textes évoquant le disparu pour ce faire, il faut télécharger une application de QR code sur Internet – il en existe des gratuites. Sur Internet, la recherche des mots mémorial défunt » dans un moteur de recherche vous mènera sur divers sites. Ma fille Nolwenn est morte à l’âge d’un an, en 1977. Avec sa maman, à ce moment-là, nous avons été happés par le travail. Mais quarante ans plus tard, les souvenirs remontent. À l’occasion d’un transfert de sépulture, j’ai ouvert, sur le site un mémorial numérique. Un oncle et une tante, devant la tombe de Nolwenn, ont été très émus de voir des dizaines de photos d’elle et de nos ancêtres sur mon téléphone. » Dany, 72 ans► Établir un arbre généalogiqueBâtir un arbre généalogique, c’est raconter une histoire familiale. Bien des souvenirs sont enfouis dans les archives, souvent plus bavardes que nos modernes registres d’état civil. Ces recherches permettent d’entrer en contact avec de lointains cousins, qui peuvent apporter leurs propres souvenirs. Le site donne de bons conseils pour se lancer. En devenant père, j’ai repris des recherches commencées à l’adolescence. Nos ancêtres sont très présents chez nous. Mon fils Augustin, 5 ans, se passionne pour les histoires de famille, autant pour notre aïeule Marie Harel, qui a inventé le camembert, que pour nos ancêtres marins de Dieppe dont nous essayons de retracer la vie. Nous visitons les lieux où ils ont vécu, et nous prions pour eux ! » Julien, 38 ans► Entretenir et fleurir une tombe à distanceVous ne pouvez pas vous déplacer pour fleurir la tombe d’un défunt cher à votre cœur ? Une entreprise peut le faire pour vous. Cherchez sur Internet fleurir tombe », pour accéder à diverses propositions. À la mort de ma sœur Michèle, en 2014, l’entreprise de pompes funèbres m’a indiqué que le faire-part de décès était publié sur le site avec un espace mémoriel. Plus tard, j’ai fait entretenir et fleurir la tombe via ce site, pour 169 € pour un passage. Une photo de la tombe nettoyée et fleurie m’a été envoyée par mail. » Jean, 66 ans► Faire dire des messesÀ chaque messe, le prêtre prie pour tous les défunts lors de la prière eucharistique. Cela n’empêche pas de lui demander de confier en particulier telle personne au Christ. Cette demande s’accompagne en général d’une offrande pour soutenir la vie matérielle de l’Église montant indicatif 17 euros. Mon père est mort alors que j’étais une jeune adulte. Notre relation était difficile. Deux ou trois ans plus tard, j’en ai parlé à un prêtre au cours d’une retraite. Il m’a conseillé de faire célébrer une messe à son intention. Durant cet office, j’ai remis mon père et notre relation au Seigneur. Cela m’a apaisée durablement. » Diane, 51 ans► Se réunir à une date anniversaireDepuis qu’il y a des hommes sur terre, c’est une pratique vieille comme le monde se réunir pour un repas en mémoire des défunts. Cela peut être annuel, ou moins souvent. Pour faire mémoire d’une personne, ou de plusieurs. On pourra convoquer largement, ou se limiter au cercle familial, selon les circonstances. Morts et vivants sont mystérieusement réunis, dans la joie de célébrer la vie. Voilà quatre ans que ma tante est morte. Chaque année, à l’anniversaire de son décès, nous sommes une trentaine, entre ses frères et sœurs et les cousins, à nous retrouver à la messe, puis dans une pizzeria du quartier. Cette tante riait, et elle riait fort ! S’il y a un mot d’ordre, pour cette réunion de famille, c’est “Nous ne sommes pas tristes !” » Alice, 38 ans► Distribuer des imagesLes missels de nos grands-parents contenaient souvent des mémentos », ces images en forme de signet à la mémoire de proches disparus avec une photo ou un texte choisi. On peut en fabriquer soi-même sur Internet ou avec l’aide d’un imprimeur. Amis et proches la placeront dans un coin prière, sur un bureau, parmi des objets familiers… Ma fille Sophie a péri dans un accident de bus, en Guyane, en pèlerinage vers les JMJ de Rio. Elle avait 21 ans. Elle était très engagée dans sa foi, généreuse, douce et attentive aux faibles. Nous avons fait un mémento qui a été largement distribué. Au-dessous de sa photo, une prière a été composée, avec l’accord de l’évêque de Nanterre. Elle est adressée au Seigneur et demande l’intercession de Sophie. Je m’en sers beaucoup pour prier avec elle, je lui confie divers soucis. » François, 53 ans► Porter un bijouUne médaille portée sur la peau, et donc près du cœur, une gourmette au poignet disent combien le souvenir se loge dans l’intime. Aurélien, mon fils aîné, est mort à 4 ans et demi, l’an dernier. Sa présence est rappelée dans notre chambre – où sont affichés ses dessins et ceux de son frère, Hugo –, et dans un coin prière, que nous n’avions pas avant sa mort. Mais je voulais avoir aussi quelque chose qui soit toujours avec moi j’ai fait confectionner un anneau que je porte au même doigt que mon alliance. » Élodie, 42 ans► Inventer un gesteChaque famille peut inventer des gestes qui entretiennent la mystérieuse relation des vivants et des morts. Mon père est mort il y a une dizaine d’années. Il avait souhaité la crémation – il n’est pas le premier dans notre famille. L’urne funéraire a été placée dans le caveau familial, au pied duquel poussent des pieds de lavande. Chaque année, nous offrons à ma mère un bouquet de ces fleurs, et chaque enfant reçoit un sachet de fleurs séchées. » Catherine, 62 ans► Allumer une bougieLa flamme vive qui danse au sommet d’une bougie parle dans toutes les langues, à tous les humains elle perce l’obscurité et signifie plus, parfois, que ce que les mots peuvent porter. Voilà quatre ans que mon mari Léonard, le père de nos quatre enfants, est décédé. Nous allumons très souvent la bougie devant sa photo, dans le coin prière. Dans notre vie, tous les jours, nous lui parlons. Je l’associe à toutes mes décisions. » Axelle, 43 ans► Transmettre des récitsLa culture familiale est imprégnée de la mémoire de ceux qui ne sont plus, à travers des bibelots, des lieux de vie, des façons de parler. Raconter les anecdotes qui relient les objets à la vie de ceux qui les ont transmis permet de se reconnaître héritiers. Dans la famille de mon père, nous préparons les restes de viande avec du riz et des légumes, un peu comme un riz cantonais. Mais nous l’appelons riz vietnamien, car mon grand-père a rapporté cette recette de son séjour comme militaire en Indochine. Ma grand-mère, alsacienne, ne s’est pas privée de la faire évoluer en y mettant parfois un peu de cannelle. Nos enfants connaissent cette histoire, parmi d’autres. » Myriam, 54 ans––––––––––-PAROLE de Damien Le Guay, philosophe, auteur, avec Jean-Philippe de Tonnac, des Morts de notre vie. » 1 Une certaine pression sociale s’exerce sur les personnes endeuillées il faudrait tourner la page rapidement, afin que tout rentre dans l’ordre. L’expression faire son deuil » exprime d’ailleurs l’idée que le deuil serait de l’ordre de la volonté. Mais cela ne rend pas bien compte de la réalité. Quelque chose résiste à la volonté de passer à autre chose ». Le mot chagrin », plutôt que deuil », convient mieux pour dire l’ébranlement affectif ressenti, et cette présence encombrante et salutaire de l’absent. Ce sentiment se vit parfois sur le mode d’une présence négative, culpabilisante. Mais il est la plupart du temps positif. Une prise de conscience s’opère ce que je dois à la personne défunte. J’aime pour avoir été aimée. Je suis solide dans le monde pour y avoir été reçu. Je dois ce que je suis ; et suis ce qui me fut donné. Les gestes d’adieu me permettent de faire mémoire de cette personne, de lui rendre hommage, de lui dire ma gratitude. Mais si les rituels funéraires s’appauvrissent, ou si la crémation est faite pour mieux fuir ceux que j’aime, alors le deuil est perturbé. » Ceuxqui sont opposés à la Marseillaise et au 14 juillet sont soit des utopistes soit des ennemis de la nation. On ne peut aimer la France, et comme Taubira demander l'autonomie de la Guyane, il Puissance majeure au Nouveau Monde, la France fut une nation esclavagiste dont des millions de citoyens aujourd’hui descendent de personnes réduites en esclavage, qu’elles soient natives du continent africain ou soient – en majorité – nées dans les fers. Aux Amériques et dans l’océan Indien, la naissance de cultures créoles sous souveraineté française laisse un exceptionnel héritage musical – biguine, zouk, maloya, séga, gwoka, bèlè… – dont l’histoire des deux côtés des mers est d’une profusion immense. Cependant, dans la culture populaire comme dans l’historiographie des programmes scolaires, l’esclavage reste longtemps un point aveugle de la conscience collective. Et cela d’autant plus que la chanson va perpétuer longtemps clichés et préjugés hérités de l’esprit du Code Noir. Exposition rédigée par Bertrand Dicale. Ecoutez la playlist et retrouvez en vidéos les témoignages de Christine Salem et Chris Combette sur notre chaîne YouTube. En partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage dans le cadre du Mois des mémoires 2021. cestnotrehistoire Le cataclysme fécond CE QUE L'ESCLAVAGE A ENGENDRÉ CULTURELLEMENTL’esclavage n’est pas seulement un crime de masse d’une ampleur immense. Il est aussi le fondement de sociétés nouvelles. Et paradoxalement, il constitue l'un des creusets culturels les plus féconds de l’Histoire la naissance à des centaines de genres musicaux qui modèlent largement le paysage musical de la France d’aujourd’hui, la créolité fédère des sociétés et des cultures qui sont toutes nées du même entrelacs de catastrophes humaines et d’opportunités historiques une situation singulière de déracinement, de rencontres imprévisibles et d’acculturation, perpétuellement polarisée par la haine de soi et une fascination ambiguë pour l’autre. À la recherche des symptômes REVISITER LA VIE D'HENRI SALVADORLes traces contemporaines de l’esclavage affleurent souvent, y compris dans un domaine aussi léger que la musique de variété. Dans l’histoire des individus, dans le récit qu’ils font de leurs origines, dans leurs inclinations et leurs pratiques artistiques, dans leur image auprès du public et des professionnels, on peut distinguer héritages, traumatismes, cicatrices et discriminations liées aux siècles de traite. Par exemple, examinons la vie et la carrière d’un artiste éminemment populaire, Henri Salvador, né en 1917 en Guyane française et mort en 2008 à Paris. La biguine, pépite de la créolité Parmi tous les genres musicaux nés de la phénoménale fécondité du monde créole, la biguine est longtemps la plus familière aux Français, bien évidemment parce que sa naissance mythique à Saint-Pierre, capitale économique et culturelle des Antilles françaises, est teintée par la nostalgie d’un monde anéanti par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Mais la biguine est aussi un genre emblématique de la singularité d’un processus culturel qui abolit la distinction entre origines africaines et européennes et illustre l’extrême singularité des cultures fondées sur l’esclavage transatlantique. Le voyage de la biguine à Paris Avec Stellio, Léona Gabriel, Ernest Léardée mais aussi des personnalités moins célèbres – et notamment des figures de musiciennes comme Maötte Almaby –, un phénomène neuf survient notamment en raison de l’Exposition Coloniale de 1931 la France s’entiche d’une musique venue de son Empire. La biguine en est transformée et ce phénomène confirme la théorie d’un Atlantique noir, océan aussi métaphorique que géographique, à travers lequel la dynamique de créolisation reste à l’œuvre. Le zouk, entre nécessité et hégémonie Un petit décalage d’à peine une décennie, et on aurait presque pu, en Europe, parler du zouk comme d’une musique postmoderne, agrégeant des éléments épars comme pour rechercher une efficacité et une puissance inédites. Un peu comme un courant, appelé fusion, a fédéré les énergies du rock et du hip hop. Or le zouk a cette singularité dans l’histoire des musiques populaires de n’être ni un objet de l’ère postmoderne qui commence avec la fin du XXe siècle, ni la conséquence de mouvements humains, sociaux et culturels irrésistibles au cœur d’une société de laboratoire, le zouk est l’incarnation d’un état singulier de la culture des Antilles françaises, si densément traversée d’influences que l’invention de Kassav' va entrer en résonnance avec de nombreuses cultures partout dans le monde. Océan Indien, batarsité» et acceptation L’ancien domaine colonial français de l’hémisphère Sud, semis d’îles et d’archipels à l’histoire complexe et douloureuse, a vu naître des musiques créoles singulières, reflet d’une mosaïque ethnique parfois plus complexe que dans les Amériques. Ainsi, des sociétés nées de l’esclavage ont produit des faits culturels blancs » mais aussi des musiques dont l’africanité alléguée a expliqué leur interdiction de fait pendant des décennies, comme dans le cas du maloya de la Réunion, devenu aujourd’hui le symbole d’un métissage qui espère avoir atteint un certain apaisement, notamment avec le personnage central qu’est Danyèl Waro. Tambours, colère, conscience Peut-être ne doit-on pas trop fantasmer l’existence d’une musique de révolte pendant les siècles d’esclavage. Mais, avec les abolitions, les tambours sont libérés et ils structurent des genres musicaux comme le gwoka de la Guadeloupe ou le bèlè de la Martinique, qui porteront la parole des classes populaires nées de la transformation des esclaves en humains faudra longtemps, pourtant, pour que la conscience explicite de descendre de personnes esclavagisées ne vienne modeler des paroles d’artistes plaçant cette mémoire au cœur de leur œuvre, comme Eugène Mona, apparu en Martinique dans les années 1970 ou Christine Salem aujourd’hui à la Réunion. Le silence de l’antiracisme Depuis quelques décennies, la chanson française s’engage contre le racisme. Cela ne lui fait pas pour autant porter le regard sur l’esclavage, qui n’est évoqué fugitivement que lorsqu’il est question des États-Unis, où la lutte pour les droits civiques a éveillé les consciences d’artistes français. Mais l’esclave n’existe pas pour la variété populaire française, même si le reggae jamaïcain et son obsession du retour en Afrique a été d’une grande importance pédagogique. L’esclavage est une réalité implicite dans notre culture populaire. Figures du Noir et racisme gentil» L'IMPENSÉ DE NOTRE CULTURE POPULAIRE La France n’est pas une nation tout à fait neutre dans son rapport aux personnes dites de "race" noire. Ayant pratiqué l’esclavage dans ses colonies pendant plusieurs siècles, ayant eu parfois une pratique ambiguë quant au statut d’esclaves sur son sol européen, ayant bâti un vaste empire en Afrique au XIXe siècle, ayant une part de son territoire national outre-mer, la France cumule des regards et des présences qu’il est utile d’interroger dans leurs conséquences sur les droits et les situations de ses citoyens. Et que dit la chanson française des Noirs ? Est-elle exempte de représentations problématiques ? L'auteur Bertrand Dicale Bertrand Dicale explore la culture populaire. Auteur d’une trentaine d’ouvrages consacrés à l’histoire de la chanson ou à des vies d’artistes Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Juliette Gréco, Charles Aznavour, Cheikh Raymond…, il est chroniqueur sur France Info Ces chansons qui font l’actu » et auteur de documentaires pour la télévision. Par ailleurs auteur de que Ni noires, ni blanches – Histoire des musiques créoles, il est membre du Conseil d’orientation de la Fondation pour la Mémoire de l’esclavage. Il dirige également la rédaction de News Tank Culture, média numérique par abonnement spécialisé sur l’économie et les politiques de la culture.
\n \n \n \n\nen guyane nous sommes de toutes les couleurs paroles
Parolesde Toutes les couleurs par PV Nova. Il y a celui qui hésite, qui ne sait pas où aller Qui voudrait prendre la fuite, mais ne p Paroles de Toutes les couleurs par PV Nova. Il y a celui

1La mobilisation » de mars et avril 2017 en Guyane a pris la forme d’une fédération des protestations et des revendications guyanaises, portées par des collectifs », à l’échelle de tout le pays, dans toutes les classes sociales et toutes les composantes socioculturelles, sous la bannière de la lutte contre l’insécurité. Les protestations contre la situation où se trouve la Guyane d’aujourd’hui et les revendications qui en découlent sont fondées sur la volonté que soit respecté le principe de l’égalité de tous les citoyens de la République française. 2Il suffit pour s’en convaincre d’observer le discours tenu, en substance, par les porte-parole de ces collectifs qui ont fleuri sur tout le territoire guyanais ; discours repris en chœur par nombre de mobilisés » Nous, les Guyanais, nous vivons dans un département de la France, nous sommes des citoyens français, nous devons disposer des mêmes conditions de vie que les citoyens qui vivent dans l’hexagone. Parfois, on précise nous réclamons ce qui nous est dû ; nous irons jusqu’au bout, car notre lutte est juste et légitime. » La transformation de la colonie en département 3Pour comprendre le long cheminement qui a conduit aux événements de mars/avril 2017, il nous faut rappeler la manière dont la France décide d’abolir l’esclavage en avril 1848 les hommes et les femmes qui avaient le statut juridique d’esclaves deviennent, par le décret du 27 avril de la même année, des citoyens français. 4En Guyane comme à la Martinique et à la Guadeloupe, ceux que l’on appelle alors les hommes de couleur » s’engagent, en leur qualité de citoyens français, dans la lutte en vue de l’obtention de l’assimilation », soit la transformation de la colonie en département de la République française. A noter que durant toute cette période les hommes de couleur » ont procédé à l’exclusion des Amérindiens et des Bushinenge de leur manière de penser l’identité guyanaise. La distinction alors faite entre la vraie population guyanaise » et ceux qui vivent dans les grands bois » est portée par l’idéologie du progrès ». Cette manière de penser sera remise en question, à partir des années 1950, lors des actions politiques de contestation de la départementalisation de la Guyane. La notion de peuple guyanais » sera alors redéfinie en y comprenant, en bonne et due place les Amérindiens et les Bushinenge. La demande est constante depuis les débuts de la IIIe République 1875. Vient conforter cette demande un ensemble d’attitudes et de comportements. Comme le font les hommes de couleur » dans les autres vieilles colonies », ceux de la Guyane donnent des preuves » de leur attachement à la mère patrie », en participant aux guerres de la France 1870-1871, 1914-1918, 1939-1945. Dans leurs familles et à la ville, ils adoptent le mode de vie métropolitain, et admettent les programmes scolaires de la République comme le lieu de la formation par excellence des hommes et des femmes des vieilles colonies ». 5Tous les gouvernements qui se sont succédé, de 1875 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, refusent de prendre en compte la demande de départementalisation des vieilles colonies », en évoquant notamment les différences culturelles entre ces colonies et la métropole. Finalement, ce sont les circonstances de la Seconde Guerre mondiale vont conduire à l’acceptation de la demande, par l’adoption de la loi du 19 mars 1946. Une situation économique difficile 6Pour comprendre dans quel esprit est réalisée la départementalisation de la Guyane, il est utile de rappeler le libellé de l’article 1er de la loi du 19 mars 1946. Celui-ci stipule Les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de la Guyane française sont érigées en départements français. » C’est donc à ce titre qu’elles sont appelées à connaître un changement social qui les hissera au niveau de développement de la métropole. 7Dans le projet de départementalisation tel que formulé par les décideurs de Cayenne et de Paris, au lendemain de l’adoption de la loi du 19 mars 1946, la Guyane doit en effet connaître un développement à l’image de celui des départements de la France hexagonale services publics et lois sociales assurant des conditions de vie similaires ; plans d’équipement et de modernisation, sur le modèle de la planification française de l’après-guerre, pour la mise en place de réseaux d’eau, d’énergie et de communication. L’ensemble des moyens déployés par l’Etat dans le nouveau département doit assurer le développement d’une production significative, afin de satisfaire les besoins de la population, et d’exporter sur les marchés extérieurs. 8Au cours de la seconde moitié du XXe siècle les plans d’équipement et de modernisation ont ainsi comme objectif principal l’alignement du niveau de vie du nouveau département de la Guyane sur celui de la métropole. Au cours des deux décennies qui suivent la loi de départementalisation 1947-1967, les nouveaux équipements du pays, le recrutement de nombre de fonctionnaires et la redistribution des revenus par le jeu du système de protection sociale transforment radicalement les conditions de vie. A la misère coloniale des classes populaires fait place une société de consommation inimaginable dans le contexte des dernières années de la période coloniale. © Hélène Contout 9En revanche, les mesures d’ordre économique adoptées ne réussissent pas à créer des conditions de production compétitives. Ne peuvent en bénéficier ni les productions de l’époque coloniale sucre, rhum, bananes et production d’or, ni les nouvelles activités production agricole moderne » destinée au marché guyanais, mines de bauxite. La création de la base spatiale de Kourou en 1964 et son développement améliorent le niveau de l’activité économique du département, sans supprimer les déséquilibres qui font de la Guyane un pays dépendant étroitement des revenus de transferts dépenses de fonctionnement et d’équipement de l’Etat, prestations sociales. En comparaison avec le temps des colonies, la Guyane ne produit pratiquement plus sa balance commerciale accuse alors un déficit chronique. Deux positionnements politiques opposés 10A la fin du XXe siècle, la Guyane présente le double aspect d’un pays à haut niveau de vie relatif, sur fond de production peu développée, et de graves inégalités dans l’équipement du territoire le défaut d’équipements sanitaires satisfaisants et l’insuffisance des infrastructures de communication concernent notamment les habitants de Saint-Elie, de Ouanary, du Maroni, de l’Oyapock et de Saül. 11Sur le plan politique, la situation créée donne lieu à deux positionnements diamétralement opposés, mais qui ont pour finalité le même objectif le développement de la production guyanaise. Un premier positionnement politique est le fait de formations politiques qui ne remettent pas en question la souveraineté de la France. Elles sont représentatives de la grande majorité de l’opinion guyanaise, pour qui la solution du développement passe nécessairement par l’accroissement du pouvoir politique local. Ce premier positionnement s’est traduit par l’évolution institutionnelle qui a abouti à la création de la collectivité territoriale de Guyane en 2011, en passant par l’établissement public régional 1974 et la région 1982. Un second positionnement fait de la souveraineté française le principal obstacle au développement de la Guyane. C’est celui des formations nationalistes anticolonialistes, qui dénoncent la dépendance économique de la Guyane. Elles y voient les effets de la domination coloniale qui demeure, pensent-elles, en dépit de l’instauration du département. Hier comme aujourd’hui, l’Etat sommé d’agir 12Si des militants de formations nationalistes anticolonialistes ont pris une part active à la mobilisation de mars/avril 2017, il n’en demeure pas moins vrai que, sans qu’il soit question de sortir du cadre de la République, celle-ci se situe dans la continuité des protestations et des projets qui ont tenté d’extraire la Guyane des grandes difficultés économiques dans lesquelles les réalisations partielles du projet départemental l’ont plongée. 13Sous des formes originales marches » et barrages » pilotés par le collectif Pou Laguiyann dékolé », la mobilisation s’inscrit volontiers dans le mouvement politique séculaire de la revendication du respect de l’égalité entre les citoyens de la métropole et ceux de la Guyane, puisque c’est en leur qualité de citoyens français que les hommes et les femmes de Guyane se sont massivement engagés dans un mouvement d’ensemble, d’ampleur inégalée jusqu’à ce jour, pour l’obtention de conditions de vie conformes au statut de département de la République. 14Mais ces hommes et ces femmes se posent également en Guyanais. C’est à ce double titre qu’ils s’adressent à l’Etat, qui est, en quelque sorte, sommé de prendre ses responsabilités », pour que soit respecté le principe de l’égalité républicaine. 15A première vue, les modes d’action et le discours tenu lors de la mobilisation de mars/avril 2017 sont bien éloignés des suppliques adressées avant-guerre à la mère patrie » pour obtenir la transformation de la colonie en département. De fait, dans les deux cas, le rapport à la France hexagonale est fondamentalement le même dans la situation des hommes de couleur » de la colonie revendiquant sa transformation en département comme dans celle des Guyanais de 2017 réclamant le respect de l’égalité républicaine, il s’agit de l’expression du sentiment qu’il existe un traitement discriminatoire des citoyens de la Guyane. La révélation d’un faire société » 1 Stéphane Hessel, Indignez-vous !, Indigène Editions, 2011. 16La mobilisation des mois de mars et avril 2017 a été sans doute le lieu où s’est exprimé avec le plus d’intensité, depuis 1947, et par l’ensemble de la population, le sentiment d’appartenance au pays Guyane. Elle a répondu en quelque sorte à l’appel de Stéphane Hessel1. 17Cette mobilisation marquera sans doute une étape intéressante de l’évolution de la société guyanaise. Les habitants de la Guyane se sont reconnus, non sans fierté, comme membres d’un groupe humain, où l’on partage les mêmes problèmes, les mêmes souffrances, la même espérance d’un devenir meilleur, fondé sur ce qui les rassemble au-delà de leurs différences culturelles. La mobilisation révèle ce qui était, hier encore, en puissance la capacité de la Guyane à rassembler ses membres pour faire société », pour faire peuple », en faisant largement appel aux moyens d’information que sont les réseaux sociaux. Les Guyanais se sont ainsi révélés à eux-mêmes, dans l’action, lors des marches » à Cayenne le 28 mars et à Kourou le 4 avril, lors de rencontres, d’échanges, de débats, sur tous les lieux de la mobilisation, en particulier sur les barrages », placés dans pratiquement toutes les communes. Durant cette mobilisation, longuement, avec ferveur, avec le sentiment de vivre un moment exceptionnel, on a parlé du pays, de son vaste espace, de son potentiel, de ses productions, mais également de ses problèmes, où dominent ce que l’on voit comme des insuffisances en matière d’équipements, de sécurité des biens et des personnes, de santé et d’éducation. On en a parlé au travers de l’expérience des gens de l’Oyapock, de Saül, du Maroni, de l’Ouest, des Savanes, du Centre et de l’Est. 18Notons que pour la première fois dans l’histoire de la Guyane, les Amérindiens et les Bushinenge ont décidé de se joindre à un mouvement social qui dépassait leurs propres revendications et la manière de voir leur évolution au sein de la société guyanaise. Si le collectif du Lawa » a rassemblé notamment Amérindiens, Bushinenge et Créoles du Maroni-Lawa, à l’appel de l’Organisation des nations autochtones de Guyane Onag et de la Fédération des organisations autochtones de Guyane Foag, les Amérindiens ont néanmoins tenu à marquer leur présence dans la mobilisation en rejoignant la foule participant à la marche du 28 mars, par une manifestation spécifique partie du fort Cépérou. © Hélène Contout Un ajustement avec la Guyane d’aujourd’hui 2 Texte publié le 24 janvier 2017 sur plusieurs sites Internet par Serge Mam Lam Fouck, Isabelle Hida ... 19Observons que l’édifice qui s’est ainsi révélé durant les événements demeure fragile, ses fondations sont encore mal assurées, la fragmentation sociale, c’est-à-dire la constitution de communautés » qui se posent comme telles ne disparaîtra pas comme par enchantement. Il faudra donc poursuivre l’œuvre engagée depuis les années 1980 en vue de la construction d’un ensemble où le sentiment d’appartenance au pays Guyane est mieux partagé, ainsi que nous l’évoquions dans le texte Construire la société guyanaise »2. 3 Voir l’accord de Guyane du 21 avril 2017, protocole Pou Lagwiyann dékolé », décrets, arrêtés, cir ... 20Néanmoins, s’il peut rester de cette remarquable mobilisation, entre autres éléments, de l’énergie à mettre au service de la poursuite des initiatives visant le développement du territoire, ce serait là l’un de ses grands mérites. Car le changement que tous appellent de leurs vœux, en Guyane, comme en France hexagonale, ne viendra pas des mesures actées par le gouvernement3, puisqu’il s’agit, tout compte fait, d’une mise à niveau des équipements et des services publics tels qu’ils avaient été pensés dans le projet de départementalisation. Il s’agit donc d’un ajustement à la situation guyanaise d’aujourd’hui une population plus nombreuse, plus jeune, mieux formée en dépit de graves insuffisances en matière d’éducation, et désormais répartie sur l’ensemble du territoire. 21Le changement viendra essentiellement des hommes et des femmes de Guyane qui devront s’emparer des moyens déployés par l’Etat, avec les adaptations indispensables à l’environnement guyanais, pour disposer d’un tissu d’entreprises bien plus important, afin de parvenir à une production qui ait un poids significatif dans le PIB du pays.

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